Pérou: Face aux autorités, le pape dénonce la corruption

Face aux autorités péruviennes, le pontife a vivement dénoncé, le 19 janvier 2018, la corruption, un «fléau social» qui «infecte tout». Après sa visite à Puerto Maldonado et un court arrêt par la chapelle de la base aérienne de Lima, le pape François s’est rendu au palais du gouvernement pour y délivrer un discours devant les autorités du Pérou.

Le Pérou, a salué le successeur de Pierre, est une «terre d’espérance». Le pays a su préserver ses valeurs ancestrales d’hospitalité, de souci de l’autre, de respect pour la terre et l’entraide nationale. C’est aussi un pays de saints qui «ont ouvert le chemin de la foi pour tout le continent américain», comme saint Martin de Porrès ou sainte Rose de Lima.

Un «virus social»

Toutefois, a prévenu le pape, le tissu vital du pays est menacé par le fléau de la corruption, véritable «dégradation morale». C’est un «virus social (…) qui infecte tout», a-t-il insisté. Pour rester une terre d’espérance pour tous, a indiqué le pontife, le Pérou doit développer une véritable culture de la transparence. Cet engagement, a-t-il indiqué, concerne tous les citoyens, à commenter par ceux qui exercent des responsabilités. Y compris au sein de l’Eglise, a-t-il précisé sortant de son texte écrit.

Une déclaration importante au Pérou, où la corruption est particulièrement forte. Deux anciens présidents ont été emprisonnés pour de tels faits. L’un d’eux, Alberto Fujimori, a été gracié en décembre par l’actuel président Pedro Pablo Kuczynski. En novembre, ce dernier a pour sa part évité d’une voix la destitution par le Parlement, toujours pour corruption. Enfin, un autre ancien président chilien, est actuellement en fuite aux Etats-Unis pour échapper à la justice de son pays.

Dégradation environnementale et morale

Les premières victimes de la corruption, a dénoncé le successeur de Pierre, sont «les pauvres et la mère terre». Au Pérou, se développent ainsi des projets aux «effets catastrophiques», qui détruisent l’environnement et donc l’habitat et la vie des populations locales. Au final, a considéré le pape, c’est le tissu vital du pays tout entier qui est abîmé par cette dégradation environnementale qui s’additionne à la dégradation morale.

Pour le pontife, l’espérance des Péruviens doit désormais consister en une «écologie intégrale», alternative à ce modèle de développement qui engendre dégradation environnementale et sociale. Cette attitude d’écoute et de respect, a indiqué le pape, doit particulièrement se mettre au service des communautés indigènes et de leur lien direct avec la terre.

Pneu dégonflé

Après ce discours, le pape François s’est entretenu en privée avec le chef d’Etat péruvien. La famille du président a été présentée au pontife qui a également béni le personnel du palais du gouvernement. Il devait ensuite se rendre dans l’église Saint-Pierre pour une autre rencontre privée habituelle lors des voyages, celle avec les jésuites du pays.

Par ailleurs, le pontife a dû changer de voiture lors de son trajet entre l’aéroport et le palais gouvernemental. En cause, un problème de pneu dégonflé. (cath.ch/imedia/xln/rz)

Raphaël Zbinden

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