La contrition de François

Décidément, le pape François ne fait rien comme les autres! Dans l’avion qui le ramenait du Pérou, l’exercice toujours passionnant de dialogue avec les journalistes s’est transformé en mea culpa. Un pape a regretté les propos tenus devant la presse au Chili. Ce n’est pas courant, habitués que nous sommes dans l’Eglise à un discours de haut en bas…

Attaqué pour ne pas avoir déplacé Mgr Barros, un évêque chilien accusé de couvrir un prêtre pédophile, le pape François avait répondu: «Le jour où il y aura des preuves contre lui [Barros], je parlerai. Le reste, c’est de la calomnie». Ces phrases avaient jeté de l’huile sur un feu non éteint. Les victimes des abus avaient réagi vivement, parlant de gifle infligée par le pape. Et le voyage au Chili en avait été terni.

«Le mot ›preuves’ m’a trahi», a confié un pape contrit dans l’avion du retour. Il préfère un mot plus neutre, ›éléments’. Et plus loin: «Je dois présentes des excuses parce que le mot ›preuves’ a blessé tant de personnes abusées… Je m’excuse auprès d’elles si je les ai blessées sans m’en rendre compte».

«Je dois présentes des excuses parce que le mot ›preuves’ a blessé tant de personnes abusées…»

Le cardinal Sean O’Malley, archevêque de New York, avait pris ses distances avec les paroles du pape. Il estimait que ses mots revenaient «à abandonner ceux qui ont souffert de crimes répréhensibles». Sans ambages, le pape a reconnu que l’intervention du prélat américain avait été «très juste». Nouvel acte d’humilité… Publiquement, François admet qu’un de ses proches avait eu raison de réagir.

C’est certain, la spontanéité du pape lui joue des tours. Mais après cinq ans de ministère à Rome, reconnaissons qu’il a marqué le catholicisme. Rien ne sera plus comme avant. Mais, comme le constatent des voix critiques, sa contrition peut aussi se retourner contre lui. Et pointe le danger d’un successeur aux attitudes moins ouvertes. Un pape repentant, et ensuite un pape distant?

Bernard Litzler | 25 janvier 2018

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