Partout dans le monde s’observe un retrait des citoyens derrière les « protections » d’une nation forte. Alors qu’un représentant typique de cette politique se trouve à Davos en la personne du président américain Donald Trump, note Caritas Suisse, les participants à la rencontre de Berne ont traité des effets négatifs du nationalisme tant sur le plan social que dans le domaine sociopolitique.
Selon Mariangela Wallimann-Bornatico, présidente de Caritas Suisse, ce sont les causes sociopolitiques et les effets du phénomène du nationalisme qui intéressent Caritas, ainsi que les contre-mesures qu’il faudrait prendre. Elle souligne que les prestations sociales ne devraient pas dépendre de la nationalité et le recours à l’aide sociale ne devrait pas être un obstacle à la naturalisation ou à la conversion d’un permis C en permis d’établissement.
Les prestations sociales ne doivent pas dépendre de la nationalité
« Ces inégalités et ces discriminations incarnent également une forme de nationalisme et elles constituent une sorte d’exclusion à l’intérieur même du territoire national ». La présidente de Caritas Suisse a rappelé qu’en Suisse, « on combat trop souvent les pauvres au lieu de combattre la pauvreté », par exemple lorsque les cantons et communes, après avoir pratiqué la sous-enchère fiscale, assainissent leur budget sur le dos des plus pauvres.
Martin Flügel, responsable du service Politique et Affaires publiques à Caritas Suisse, a expliqué les conséquences de cette recrudescence du nationalisme dans son exposé intitulé « l’inconscience sociale ».
« Les schémas de pensée nationalistes sont en complète contradiction avec les valeurs centrales de notre travail: ‘America first’ est une incitation à détruire la solidarité internationale. L’exclusion des étrangers et des pauvres sape la justice envers tous les peuples », a-t-il rappelé. Martin Flügel a lancé un appel à se dresser contre les mouvements nationalistes de droite et à revendiquer une plus grande équité distributive.
De son côté, Martine Brunschwig Graf, présidente de la Commission fédérale contre le racisme, a rappelé que lorsque le fédéralisme est bien compris, il est une force contre la tendance nationaliste qui met un groupe au-dessus des autres. « La prévention est l’arme indispensable », a rappelé la figure politique genevoise. Il faut agir auprès des jeunes, des médias et des milieux politiques.
Membre du groupe des Verts, la conseillère nationale Sibel Arslan, née en Turquie, a noté que le nationalisme recevra un soutien accru si la population ne se sent pas en sécurité. « Nous, politiciens, nous avons le devoir de combattre l’égoïsme et de placer le bien commun au premier plan de nos actions », a-t-elle lancé. En poursuivant: « Une société est aussi forte que son membre le plus faible. Intégrer, ne pas exclure, ne pas blâmer, nous devons mesurer nos actions selon ces normes! »
Lors de la table-ronde, le journaliste Daniel Binswanger, qui écrit désormais pour le nouveau magazine en ligne alémanique Republik, a déclaré que la Suisse était à l’avant-garde du populisme de droite, malgré une intégration réussie de la population étrangère. Du point de vue du politologue tessinois Nenad Stojanovic, originaire d’ex-Yougoslavie, la démocratie directe peut aussi être un instrument contre le populisme à travers sa « fonction de soupape ». Le vote peut en effet invalider des positions préconçues sur ce que le peuple veut, puisque les majorités deviennent visibles.
En parallèle au Forum, Caritas Suisse a publié son almanach social 2018 « Nous et les autres: nationalisme ». (cath.ch/com/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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