«Croire dans le 9.3» primé pour son regard original sur l'Eglise des quartiers chauds

Croire dans le 9.3 a reçu une mention spéciale par le Jury du Prix Père Jacques Hamel, le 26 janvier 2016. D’une grande sensibilité, ce livre-photo dévoile les nuances insoupçonnées de la Seine-Saint-Denis. A travers l’objectif de Michael Bunel et la plume de Romane Ganneval, partage et solidarité dessinent un autre visage de cette cité souvent réduite à la violence qui la parcourt.

Six mois après les attentats du Bataclan et son épilogue en banlieue parisienne, un grand magazine français titrait: «Molenbeek-Sur-Seine. A Saint-Denis, l’islam au quotidien». Sur la couverture, en deuxième plan, le porche de la basilique Saint-Denis, cathédrale du diocèse du même nom. Au premier plan, deux femmes voilées.

La Seine-Saint-Denis se résume-t-elle à la violence d’un islam intégriste? «Je suis parti avec l’envie de confronter ce préjugé à la réalité», explique Michael Bunel, encore ému du prix qu’il vient de recevoir à l’occasion des 22e Journées François de Sales à Lourdes. Avec l’accord de sa rédaction, l’agence CIRIC, le photojournaliste s’immerge dans le 9.3 pour retranscrire une autre réalité, moins médiatisée: le quotidien de l’Eglise et de la fraternité qu’elle cherche à instaurer dans ces quartiers du nord-est de l’agglomération parisienne.

Un livre à méditer

Plusieurs mois à rejoindre les gens, «le terreau», s’y attacher, immortaliser un geste, un regard, une complicité ou une prière. Découvrir l’engagement de la communauté chrétienne dans le monde associatif, politique ou syndical au jour le jour.

Cette vie insoupçonnée atteste d’une réalité amicale et joyeuse.

Les photos s’accumulent et le projet d’édition prend vie. Il faut une plume qui esquisse avec la même sensibilité les nuances du 9.3. Romane Ganneval, jeune journaliste, rejoint Michael Bunel. «J’ai voulu mettre en lumière quelques personnages-clé qui incarnent différentes facettes de cette Eglise», explique-t-elle.

L’un et l’autre emportent leur agnosticisme curieux dans la cité. Une posture qui leur permet de restituer avec originalité le quotidien de la communauté chrétienne. Ils éditent en 2016 «Croire dans le 9.3» aux éditions Chemins d’avenirs. En lui décernant une mention spéciale, le jury du prix Père Jacques Hamel récompense une œuvre riche de sens où chaque photo devient objet de méditation. A l’instar de ce prêtre ouvrier dans l’écrin d’une usine désaffectée. Debout, noble et légèrement voûté sous le poids d’une solidarité sans concession.

Le miracle du partage

Cette vie insoupçonnée atteste, au fil des pages, d’une réalité amicale et joyeuse. Et s’il fallait ne garder qu’une seule rencontre? «Ce serait Claudia, l’aumônière du centre psychiatrique». La réponse fuse. «Le dialogue avec certains malades s’avère parfois difficile, explique Romane. Cette aumônière avait mille et une images pour expliquer avec simplicité les réalité de l’Evangile». «Je me souviens qu’elle parlait de la multiplication des pains, enchaîne Michael. Elle a pris une baguette et l’a partagée en plusieurs morceaux. En expliquant que cet épisode biblique, ce n’était pas d’abord une histoire fabuleuse mais une réalité toute simple: la capacité de partager. Au fond, c’est cela le véritable miracle».

Les clichés ne sortent pas indemnes d’un tel exercice. «Je crois que je me suis rabiboché avec l’Eglise», confesse Michael. Romane acquiesce. Il précise: «non pas tant l’Eglise avec une grande majuscule, mais la petite église, celle du terrain, humble et généreuse». Après des mois d’immersion, le 9.3 rime (aussi) avec partage et solidarité pour Michael et Romane. (cath.ch/pp)

 

Pierre Pistoletti

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