Père Fermanel: Le pape reconnaît le travail de la Curie romaine

Le pape François reconnaît le travail de la Curie romaine dans son nouveau motu proprio ‘Apprendre à se retirer’, promulgué le 15 février 2018. Dans sa lettre apostolique, le pape assouplit les normes canoniques de renonciation pour raisons d’âge, notamment pour les responsables de dicastère à la Curie romaine, afin de pouvoir les prolonger plus facilement.

L’abbé Frédéric Fermanel, canoniste du diocèse d’Avignon et doctorant à Rome, en décrypte la portée pour l’agence I.MEDIA.

Quel est le sens général de ce motu proprio selon vous ?

La Curie est un instrument de gouvernement. Et le pape a besoin d’un outil qui soit apte à travailler, et à travailler dans son sens à lui. D’ailleurs il le dit lui-même dans ce motu proprio, quand il nomme quelqu’un en Curie ou quand il lui demande de partir, c’est un acte de gouvernement. C’est très fort comme manière de dire. Or aujourd’hui, la difficulté est de trouver du personnel en capacité de travailler à la Curie, de comprendre aussi la logique dans laquelle le pape souhaite faire les réformes. C’est un travail de long terme. Il s’agit donc que les personnes engagées actuellement dans ce travail puissent continuer à le faire.

Est-ce une marque de reconnaissance pour la Curie de la part du pape ?

Effectivement. On a souvent dit du pape qu’il critiquait la Curie, mais il a bien conscience aussi du travail qu’elle accomplit, sans lequel il ne pourrait rien faire. Ce motu proprio est ainsi un moyen de reconnaître la valeur de ces personnes, de leur travail au quotidien, parfois de manière très ingrate, inconnue, et parfaitement silencieuse.

Est-ce aussi une question d’âge du personnel curial, qui a tendance à augmenter ?

C’est effectivement un signe fort pour le monde, et qui va à contre-courant du monde de la performance. Aujourd’hui, une génération montante de quadras, de quinquas, est en train d’occuper l’ensemble des postes à responsabilité, ce qui montre leurs capacités. Mais faut-il pour autant mettre de côté tous ceux qui ont acquis de l’expérience avec les années ? C’est peut-être aussi le sens de ce motu proprio de dire que cette expérience est un capital.

Les seniors sont un trésor pour l’Eglise

L’Eglise dans sa sagesse affirme que les seniors sont un trésor pour elle. Car cela lui permet d’avoir un regard plus vaste, plus ample. La compétence s’acquiert aussi sur le long terme, et ne sort pas d’un diplôme. C’est un ensemble de situations vécues, mûries dans la prière, qui vont apporter la décision ou le choix.

Du point de vue du droit canon, voyez-vous une grande continuité dans cette réforme ?

Il est tout à fait dans la logique définie par le Concile Vatican II, complétée ensuite par Paul VI dans la constitution apostolique Ecclesiae Sanctae. La règle est que chacun à 75 ans, de manière responsable, doit donner sa démission au pape. C’est à lui d’accepter ou non cette démission, en fonction des intérêts de l’Eglise. Dans les années 60, nous étions dans un schéma où l’évêque était quasiment ›marié’ avec son diocèse. Aujourd’hui, il faut bien voir aussi que l’épiscopat est une charge assez lourde. (cath.ch/imedia/ap/be)

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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