La foi n’est pas une «prétention à l’auto-réalisation», rappelle la CDF

La Congrégation pour la doctrine de la foi a publié le 1er mars 2018 une lettre aux évêques du monde entier, sur le salut chrétien. Intitulée Placuit Deo (Il a plu à Dieu), ce document condamne l’individualisme et le subjectivisme qui nient «l’action salvifique du Christ».

La lettre Placuit Deo – ‘Il a plu à Dieu’ – souhaite approfondir l’enseignement sur le salut dans le Christ, car celui-ci se trouve confronté à deux risques de déformation. Il s’agit d’abord du néo-pélagianisme, qui considère que l’homme peut se sauver lui-même, par ses propres forces.

D’autre part, le néo-gnosticisme «présente un salut purement intérieur», subjectif, et prétend libérer l’homme de son corps et du monde matériel. A l’inverse, la foi proclame que le cosmos, créé par Dieu, est «bon».

Ces deux déviances, poursuit le document, ressemblent par certains aspects à deux hérésies de l’Antiquité. Elles présentent ainsi des «dangers permanents de déformation de la foi biblique».

Le salut consiste en «l’union avec le Christ»

En effet, «le salut consiste dans notre union avec le Christ qui, par son Incarnation, sa vie, sa mort et sa Résurrection, a fait naître un nouvel ordre de relations avec le Père et entre les hommes», réaffirme avec force la Congrégation pour la doctrine de la foi,

Ainsi, la foi au Christ n’est pas une prétention à l’auto-réalisation. L’évangélisation ne peut donc se limiter à présenter le salut comme une réponse à l’attente contemporaine, aspiration certes universelle, mais incomplète. Cette dernière est parfois cachée derrière des espoirs terrestres – santé, paix intérieure, bien-être économique…

La lettre décrit au contraire le mouvement du salut comme d’abord descendant, de Dieu vers les hommes, par Jésus qui «illumine et révèle, rachète et libère, divinise l’homme». Et ensuite ascendant, des hommes vers Dieu, par Jésus, «Souverain Prêtre, qui offre au Père un culte parfait, se sacrifie et expie les péchés».

L’individualisme est un non-sens

Seul le Christ parvient ainsi à faire une admirable synergie entre agir divin et agir humain. Cela «montre que la perspective individualiste est sans fondement».

Le salut offert par le Christ, conclut le document, se reçoit par l’Eglise. Celle-ci exerce une médiation salvifique, par l’incorporation à une communion de personnes, qui participe elle-même à la communion de la Trinité. Pour cela, l’exercice des sacrements est indispensable au salut, afin de recevoir la grâce et vivre en fidélité avec le Seigneur.

Enfin, ces sacrements invitent à reconnaître les dons du Créateur, et comprendre que le véritable salut concerne aussi la sanctification du corps. Ce corps humain, créé par Dieu et en lequel le Christ s’est incarné, n’est donc pas une limitation de la liberté de l’homme, comme peut le considérer le gnosticisme. Cela nécessite aussi pour les chrétiens de prendre soin de l’humanité souffrante, par l’intermédiaire des œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles.  (cath.ch/imedia/ap/mp)

Maurice Page

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