Crise sociale au Tchad: les fonctionnaires s'en remettent à Dieu

Les fonctionnaires musulmans et chrétiens du Tchad, en Afrique centrale, ont observé trois jours de jeûne et de prière, du 1er au 3 mars 2018. Leur but: demander l’aide de Dieu pour résoudre la crise sociale qui traverse le pays et qui grève leur salaire.

Au début de l’année 2018, le gouvernement tchadien a décidé une ponction sur les salaires pour résoudre ses difficultés financières. Le 29 janvier, plus de 150’000 fonctionnaires des secteurs public et privé sont entrés en grève contre cette mesure. Face au refus du gouvernement de revenir sur sa décision, ils s’en sont remis à Dieu, l’appelant à leur venir en aide, en observant les trois jours d’abstinence et de prière.

La grève des fonctionnaires du Tchad a désorienté la population. La vie est de plus en plus difficile et insupportable dans le pays, notamment à Ndjaména, la capitale qui est plongée dans l’insécurité. Car la paralysie affecte tous les secteurs de la vie nationale : éducation, santé, sécurité, etc…

Pour Charafa Ibrahim, vice-présidente nationale des Syndicats des femmes du Tchad, «c’est un signe de protestation. Nous allons encore prier Dieu, parce que nous en avons marre de la situation. Nous disons non à l’abattement des salaires. Ce sont les femmes qui souffrent le plus de cette situation, car une maman ne peut pas regarder son enfant pleurer de faim», a-t-elle ajouté.

Les journées de jeûne et de prière des fonctionnaires tchadiens pendant une grève sont une innovation dans la lutte syndicale en Afrique. Selon la BBC, à Ndjaména, la capitale, des centaines de travailleurs du secteur public se sont retrouvés en groupe. Les musulmans étaient sur des nattes pour lire le Coran, et les chrétiens, dans des salles de classes pour prier.

Le Tchad est un pays fortement religieux. Avec une population de plus de 12 millions d’habitants, il compte 51% de musulmans soufis, appartenant majoritairement à la confrérie des Tidjane. Les chrétiens représentent 31% et les animistes 7%. Voisin du Nigeria et du Cameroun, il est aussi affecté par les actes de violence de la nébuleuse Boko Haram, groupe radical musulman du Nigeria, qui lutte depuis plus de trois ans pour l’établissement d’un régime islamiste dans le pays.  Dans sa lutte armée, il n’épargne ni les mosquées et églises, ni les musulmans et chrétiens. Il a étendu ses attaques aux pays voisins du Nigeria. Les organisations humanitaires internationales estiment que plus 10’000 personnes ont perdu leur vie dans les attentats  de Boko Haram au Nigeria, au Cameroun et au Tchad depuis 2015. (cath.ch/bbc/tchad-rfi/ibc/pp)

Pierre Pistoletti

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