Prof. Astrid Kaptijn: «Il y a de la place pour les femmes en Eglise»

Intéresser les femmes aux études de théologie catholique, c’est le souhait d’Astrid Kaptijn, professeure de droit canonique et vice-rectrice de l’Université de Fribourg. La campagne Théologie au féminin est lancée le 8 mars 2018, Journée internationale des droits des femmes.

«Si l’on veut davantage de femmes professeures et actives dans l’Eglise, il faut d’abord former des théologiennes», prévient la professeure Astrid Kaptijn. Le 8 mars s’est donc présenté comme une date optimale pour lancer une campagne de recrutement de la gente féminine et dénicher de futures théologiennes. Un projet qui s’insère dans une vaste opération d’égalité hommes-femmes portée par l’Université fribourgeoise le même jour.

Pas de nouveaux cours de théologie spécial-femme, indique la professeure néerlandaise. C’est avant tout une bonne occasion de mettre en lumière ces études et de présenter les débouchés professionnels. Se centrer sur la carrière des étudiants est une réflexion commune à toute l’Université, ajoute la vice-rectrice. En aidant notamment les étudiants à faire le lien entre études et futurs métiers.

Plans de carrière pour les théologiennes

«Quels plans de carrière pour les femmes en théologie? On pense facilement aux engagements visibles en Eglise, comme agentes et assistantes pastorales, ou enseignantes de religion dans les écoles, ainsi que catéchistes paroissiales, énumère Astrid Kaptijn. Mais les domaines sont variés. On trouve de plus en plus de femmes qui ont des postes de direction dans les diocèses, qui travaillent pour la curie romaine, ou qui font partie de multiples commissions liées aux conférences épiscopales ou au Saint-Siège. Sur le plan local, on trouve également davantage d’adjointes au vicariat épiscopal et de spécialistes pour les questions éthiques, philosophiques, théologiques et religieuses.»

«Les études en théologie touchent à tout»

Les plans de carrière nécessitent souvent un cursus interdisciplinaire. La professeure évoque, à titre d’exemple, sa récente rencontre avec une théologienne qui travaille à l’ONU, pour son apport dans le domaine éthique et management d’entreprise. «Les études en théologie touchent à tout, précise la canoniste. D’ailleurs les théologiens que je connais sont majoritairement intéressés à plusieurs domaines de compétence». La Faculté de théologie propose même un cours optionnel sur les «Gender studies» depuis plusieurs années déjà.

Viser les collégiennes

Les étudiants qui suivent la voie théologique comme branche unique ou comme 1e branche sont toujours majoritaires actuellement à Fribourg. Ils suivent des études au sein d’une Faculté ecclésiastique, qui est régie par les normes romaines. Mais le curator studiorum [conseil aux étudiants] peut aider dans le choix de cursus interdisciplinaires, en lien avec d’autres Facultés.

«Les femmes représentent actuellement 30% des étudiants de la Faculté de théologie catholique de Fribourg, révèle la professeure Astrid Kaptijn. Mais nous pouvons facilement en accueillir davantage. Il y a de la place pour les femmes en Eglise. Nous cherchons avant tout à viser les collégiennes, auxquelles nous avons distribué des flyers intitulés La théologie au féminin. (cath.ch/gr)


Astrid Kaptijn

Née en 1962 aux Pays-Bas, Astrid Kaptijn est mariée et mère de deux enfants. «Adolescente, je voulais enseigner le français au lycée. Mais c’est mon intérêt pour le travail que l’agent pastoral laïc exerçait dans ma paroisse d’enfance, qui m’a poussée à commencer des études de théologie à 18 ans».

Elle débute à l’Université de théologie catholique d’Amsterdam, en suivant parallèlement des études en droit canonique par correspondance à l’Université de Strasbourg. Elle obtient son Master en théologie en 1993. Dès 1997, la prof. Astrid Kaptijn enseigne le droit canonique latin et oriental au sein des Facultés de droit canonique et de théologie de Paris, Angers, Aix-en-Provence, Metz, Lille et Rouen.

Depuis 2001, elle a occupé la fonction de vice-doyenne de la Faculté de droit canonique de Paris. Spécialisée en droit des Eglises catholiques orientales, elle enseigne régulièrement à Paris, à Louvain (Belgique) et à Yaoundé (Cameroun). Depuis septembre 2017, elle préside la Société pour le droit des Eglises orientales, basée à Vienne.

Deux femmes à la direction de l’Uni

Astrid Kaptijn a été notamment membre de la Commission théologique de la Conférence des évêques suisses et exerce la fonction de juge de deuxième instance au Tribunal suisse inter-diocésain, basé à Fribourg.

Professeure ordinaire de droit canonique à la Faculté de théologie depuis 2010, Astrid Kaptijn enseigne aux étudiants francophones et germanophones. Elle est vice-rectrice de l’Université de Fribourg depuis mars 2015. Une responsabilité qui ne l’empêche pas de garder sa charge d’enseignante et qui lui donne l’occasion de seconder Astrid Epiney, première femme rectrice de l’Université de Fribourg depuis sa fondation, en 1889. Le mandat des deux femmes se terminera en 2019. GR

 

Grégory Roth

Portail catholique suisse

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