Libre… au masculin comme au féminin

Je m’interroge beaucoup ces derniers temps sur la distinction quasi-obsessionnelle des sexes qui semble habiter les catholiques. Non pas que ce soit un problème de reconnaître les différences qui existent entre les hommes et les femmes, mais plutôt que ces différences puissent servir à élaborer des théories absolument étonnantes et systématiques sur la place de L’Homme et de LA Femme et des comportements qui devraient en découler.

Par exemple, on aime tant évoquer l’intériorité si riche des femmes… Mais elles n’en ont de loin pas – et heureusement – le monopole ! En insistant sur cette intériorité si propre aux femmes, n’est-ce pas un peu vite oublier d’éduquer les garçons puis les hommes à travailler ardemment leur propre intériorité? La fidélité dans la prière n’est pas une question de sexes, elle est difficile pour tout le monde. Ou encore, les femmes ne sont-elles pas capables de se lancer, elles aussi, dans une grande aventure, prenant d’assaut le monde entier, entraînant peut-être même à leur suite un amoureux transi?

Alors pourquoi ces manuels à usage des hommes virils et des femmes parfaites ont tant la côte chez les cathos? Ces magazines féminins et ces stages pour apprendre à devenir un homme, un vrai? En réalité, n’avons-nous pas un peu peur de faire face à un monde qui nous bouleverse, où la famille n’est plus vraiment la même qu’il y a 50 ans, tentant de nous raccrocher tant bien que mal à des modèles connus et rassurants?

Reconnaître que certaines situations ne sont ni justes ni saines, ce n’est pas manquer à sa vocation de chrétienne

Et pourtant, il y a aussi de belles choses dans ces changements. Comment les catholiques ne se retrouveraient-ils pas dans les dénonciations des harcèlements sexuels, portées entre autres par de nombreux mouvements féministes? Comment les catholiques ne se réjouiraient-ils pas d’une lutte pour le congé paternité et de la place plus importante que le père pourrait de facto occuper au sein de son foyer et auprès de ses enfants?

Bon nombre de craintes ne sont pas vraiment justifiées et n’atteignent pas, en fait, la question de l’identité sexuelle. Sérieusement, qu’un homme change des couches, fasse plus le ménage que sa femme, porte son enfant en écharpe voire peut-être, soyons fous, soit au foyer, est-ce réellement une atteinte à sa virilité ou à la féminité de son épouse? On a bien d’autres choses à transmettre que des clichés faciles et pétris de contexte historique et sociétal plutôt que du vrai message biblique.

Reconnaître que certaines situations ne sont ni justes ni saines ce n’est pas manquer à sa vocation de chrétienne. Ce n’est pas non plus abandonner son chemin de sainteté. Parce que le christianisme enseigne à être des femmes pleinement libres.

Comment éduque-t-on nos filles? Est-ce qu’on leur apprend à prendre une place déterminée par leur biologie saupoudrée de poncifs? Ou sait-on vraiment se mettre à l’école des grandes saintes, débarrassés de nos préjugés et de nos craintes, de nos rêves minuscules et de nos désirs de protection? Ces femmes sont des révolutionnaires, elles ont bouleversé leur monde, fortes et libres…

Les jeunes filles peuvent bien être tout ce qu’elles veulent; qu’elles sachent que leur chemin de sainteté s’incarne dans le chemin qu’elles auront choisi pour s’épanouir!

Alors en ce jour où on célèbre les femmes, leurs droits, leur place, je nous souhaite :

La virilité de sainte Thérèse d’Avila,

La témérité de Judith,

La radicalité de Madeleine Delbrêl,

La détermination de Thérèse de Lisieux,

L’audace de Marie-Madeleine,

La curiosité d’Edith Stein,

La ténacité de mère Teresa,

L’anticonformisme de la Vierge Marie !

Marie Larivé

8 mars 2018

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