Rwanda: la lutte contre les églises clandestines se poursuit

Le nombre de fermetures d’églises illégales se poursuit au Rwanda, alors que l’implantations de nouvelles églises va croissant. 1’351 églises ont en effet été dénombrées récemment dans les trois districts de Kigali, la capitale. 714 lieux de culte y ont été fermés fin février.

Comme partout ailleurs en Afrique, le Rwanda connaît lui aussi le phénomène de prolifération d’églises nouvelles. Ces sectes chrétiennes ont multiplié leur implantation dans le pays au cours de ces dernières années sans tenir compte de la législation en vigueur.

Selon des statistiques publiées par le quotidien rwandais New Times, le district de Gasabo, au nord, en compte le plus grand nombre: 699, alors que ceux de Kicukiro, au sud, et de Nyarugenge, au centre, ont respectivement 699 et 300 lieux de cultes chrétiens. Plus de 100 églises non reconnues ont été découvertes lors d’une opération de contrôle.

714 lieux de culte fermés

Fin février, l’Etat a ordonné la fermeture de 714 lieux de cultes (chrétiens et musulmans) à Kigali, après avoir découvert, lors d’un contrôle, qu’ils n’étaient pas aux normes. Six pasteurs, soupçonnés d’avoir planifié une résistance contre la fermeture des églises ont été interpellés.

Les responsables des églises pentecôtistes, les plus touchées, se sont plaints de la décision de fermer les églises, estimant qu’elle a été prise «à la hâte».

Dans le district de Rwamagana, à l’est, 75 églises ne respectant pas les normes minimales ont aussi été fermées la semaine dernière. Le district compte 427 églises, dont 352 légalement reconnues.

Manque de planification

Le président Paul Kagame s’est déclaré «surpris et choqué» par la découverte de ce grand nombre d’églises illégales. «Je ne pense pas que nous ayons autant de forages. Avons-nous même autant d’usines?», s’est-il interrogé début mars, a rapporté le journal kenyan The Eastern Africa en évoquant le sujet. Il a cependant déploré le manque de planification des autorités du pays, soulignant que s’il y avait eu une bonne planification, la situation n’aurait pas atteint ce niveau où le gouvernement est contraint de fermer les églises.

Selon Anastase Shyaka, directeur général de RGB (Conseil de gouvernance du Rwanda), l’organe de l’Etat chargé du contrôle des activités religieuses au Rwanda, la fermeture des églises était dans l’intérêt du peuple rwandais. «Il s’agit d’honorer Dieu. Cela signifie que si nous sommes chrétiens, nous devons respecter les normes de respect envers Dieu. Des normes qui reflètent l’importance de Dieu dans nos vies», a-t-il déclaré au New Times.

Pendant plusieurs années, a-t-il poursuivi, la police a dû être appelée à plusieurs reprises pour intervenir, car le bruit provenant des églises était insupportable pour leurs voisins.

Nouvelle loi en préparation

Le gouvernement prépare une nouvelle loi réglementant les activités des organisations confessionnelles et de la société civile. Elle remplacera celle actuellement en vigueur depuis 2013, qui comporte des lacunes, a ajouté Anastase Shyaka.
Cette future loi, si elle est adoptée par le parlement, permettrait aux églises, de pouvoir commencer leurs activités et de s’enregistrer plus tard. Les prédicateurs, quant à eux, seront tenus d’avoir une formation ou des qualifications théologiques, afin d’éviter que n’importe qui se fasse appeler évêque, pasteur ou apôtre, alors qu’il n’a pas acquis la formation nécessaire.

Le Rwanda a une population de plus de 12,8 millions d’habitants. Près de la moitié (47,1%) sont des catholiques. Les protestants sont estimés à 30,9 %, les anglicans comptent pour 11,5 %. Les 11, 5% restants regroupent des pratiquants d’autres religions, telles que l’Islam ou l’animisme, a indiqué le site des libertés religieuses dans le monde. (cath.ch/ibc/bh)

Bernard Hallet

Portail catholique suisse

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