Stephen Hawking et Dieu, une histoire mouvementée

L’astrophysicien britannique Stephen Hawking est décédé le 14 mars 2018, à l’âge de 76 ans, à Cambridge, au sud de l’Angleterre. Le brillant chercheur s’était plusieurs fois publiquement positionné sur la question de l’existence de Dieu.

Son génie scientifique et son handicap physique caractéristique avaient fait de lui une personnalité mondialement connue. Il répétait que l’objectif de sa vie était «la compréhension totale de l’Univers […] pourquoi il est comme il est et pourquoi il existe».

Cette recherche l’a mené à adopter des positions variées sur l’origine du monde et l’existence ou non d’une force supérieure dont il pourrait être issu. Dans son ouvrage de 1988 intitulé Une brève histoire du temps, il laissait entendre que l’existence d’un Dieu créateur ne lui paraissait pas incompatible avec la réflexion scientifique.

Espoir dans une «théorie du Tout»

Mais en 2010, dans son livre Le Grand dessein, il avait cependant pris le contre-pied de cette idée, excluant toute intervention divine dans le processus de création de l’univers. Selon l’astrophysicien, les lois de la physique, notamment la force gravitationnelle, suffisent à répondre à la question de son apparition. «En raison de la gravité, l’univers peut se créer lui-même à partir de rien». Du coup, «il n’est pas nécessaire d’invoquer Dieu pour activer l’univers», concluait le savant qui souffrait depuis l’âge de 22 ans d’une maladie paralysante dégénérative.

Quels éléments ont été à l’origine de ce revirement? Stephen Hawking a notamment été influencé par la découverte, en 1992, de la première exoplanète. Il voyait dans la possibilité de l’existence d’une multitude d’univers la preuve que «la terre n’a pas été conçue dans le but de nous satisfaire, nous les êtres humains». Le Britannique croyait également en l’avènement imminent d’une «théorie du Tout» ou «théorie M», qui pourrait expliquer l’ensemble des phénomènes observables dans l’univers. Cette réconciliation de la mécanique quantique et de la gravitation universelle permettrait à la raison humaine de se passer définitivement de Dieu pour comprendre la nature.

Dieu vs le néant

Une vision des choses qui est toutefois loin de faire l’unanimité dans la communauté scientifique. «Hawking parle de la théorie M […] comme si elle était déjà validée, alors qu’il ne s’agit que d’une piste parmi d’autres», expliquait ainsi au quotidien français Le Figaro le physicien Etienne Klein, chercheur au Commissariat français à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), après la sortie du Grand dessein.

Une position également défendue par le physicien américain Lee Smolin dans son livre Rien ne va plus en physique! L’échec de la théorie des cordes (2007). Il se désole que depuis 30 ans aucune découverte majeure n’ait contribué à résoudre «les cinq grands problèmes» qui se posent encore à la physique théorique.

Mais le rôle créateur que Stephen Hawking attribuait à la gravitation a également été contesté. «Faut-il comprendre que la gravitation se trouvait dans le néant originel? Mais alors, pourquoi ne pas dire que Dieu est la gravité même?», ironisait Etienne Klein.

Au-delà de la science

Finalement, certains trouvent que l’astrophysicien de Cambridge dépassait parfois un peu trop son champ de compétences. C’est notamment le cas d’un autre astrophysicien de renom: Hubert Reeves. «Je trouve que Stephen Hawking fait une confusion assez fréquente entre le domaine de la science et celui de la morale, de l’autorité, des valeurs […] La science peut nous dire comment ça marche dans l’univers, mais elle ne peut pas nous donner la signification de ces faits. La science ne peut absolument pas nous dire si Dieu existe ou non», affirmait le scientifique franco-québécois dans une interview de 2013. (cath.ch/ag/rz)

Raphaël Zbinden

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