Le Conseil pastoral interdiocésain flamand (I.P.B.) se soucie d’une
Anvers, 27 octobre 1994 (CIP)
Au terme de sa session d’automne tenue les 21 et 22 octobre à Anvers, le
Conseil pastoral interdiocésain flamand (I.P.B.) a transmis aux évêques
quelques recommandations sur la gestion des conflits dans l’Eglise.
L’I.P.B. propose que cette question soit mise à l’ordre du jour des organes
de concertation les plus appropriés. Diverses suggestions à discuter et à
approfondir sont également émises pour améliorer la gestion des conflits
dans les différents diocèses.
Organe majeur de concertation de l’Eglise catholique en Flandre, l’I.P.B. a
choisi de traiter la question des conflits dans l’Eglise sur la base d’une
enquête. Celle-ci s’est limitée aux membres de l’assemblée, aux
responsables diocésains et aux supérieurs des congrégations religieuses.
L’enquête avait été suscitée par une question d’un groupe de travail
« Droits de l’homme dans l’Eglise », qui réclamait la création en Flandre
d’un service interdiocésain de médiation. L’I.P.B. a préféré dresser
d’abord l’inventaire de ce qui existe et voir ce qui peut être amélioré.
L’enquête de l’I.P.B. a d’ailleurs dépassé le cadre strict de la gestion
des conflits existants pour s’interroger sur les moyens de les éviter en
agissant de manière préventive sur les causes. « Sans prétendre à
l’exhaustivité, le rapport tiré de l’enquête, précise Etienne Quintiens,
secrétaire de l’I.P.B. donne un bon aperçu des principaux foyers de
tension. »
On y constate, notamment, que les conflits dans l’Eglise impliquent aussi
bien des prêtres que des laïcs et des religieux ou religieuses. Ces
conflits débordent généralement les personnes, car ils sont liés aux
structures et donc à des relations avec les autorités : que ce soit le curé
de paroisse, le président de la fabrique d’église, l’administration
diocésaine, la direction d’un mouvement ou d’une organisation, le supérieur
d’une congrégation religieuse, ou le Saint-Siège.
Sources de conflits
Quelles sont les causes les plus fréquentes des conflits dans l’Eglise ? La
liste dressée par l’I.P.B. sur la base des avis recueillis en Flandre met
en relief : les caractères des individus, l’inaptitude à travailler
ensemble, un manque de formation théologique ou canonique, des conceptions
divergentes de l’enseignement de l’Eglise, une accentuation opposée sur la
discipline ecclésiale ou sur la spiritualité, un système de pensée figé en
idéologie, certaines manières d’exercer l’autorité ou de prendre des
décisions, une déontologie insuffisante, ou encore l’influence des médias
qui attisent les tensions en « prenant au mot » les avis des autorités
ecclésiales. Les solutions boiteuses apportées à certains conflits figurent
également au nombre des causes de nouvelles tensions.
A ce relevé, plusieurs intervenants ont apporté des nuances au cours de la
récente assemblée de l’I.P.B. Ainsi, Mgr Roger Vangheluwe, évêque de Bruges
: « On parle de plus en plus de démocratie, mais on n’est guère habitué à
travailler en démocrates. Chacun discute volontiers dans son petit groupe.
Encore faut-il apprendre à se concerter entre groupes. » Leo Pauwels, du
Mouvement Ouvrier Chrétien flamand (A.C.W.) : « Beaucoup de chrétiens
veulent bien répercuter l’enseignement de l’Eglise, mais à force de se
heurter à des documents romains de plus en plus étroits, ils sont
découragés et finissent par laisser tomber. » Mgr Paul Van den Berghe,
évêque d’Anvers : « Un autre point de vue mérite aussi d’être entendu.
Chaque jour, des gens nous écrivent ou nous abordent pour nous dire qúils
ne fréquentent plus l’Eglise parce qúelle est devenue trop progressiste ! »
Pistes de solution
Lorsqúun conflit survient dans l’Eglise, beaucoup insistent sur
l’importance du dialogue, avec ou sans procédure de négociation, mais en
respectant le « principe de subsidiarité » : ne faire appel à l’instance
supérieure qúà titre subsidiaire, quand le problème ne peut être résolu par
l’instance inférieure. Une information claire sur les conflits en cours
semble également contribuer à les assainir.
Plusieurs souhaitent, en outre, la création, dans chaque diocèse, d’une
commission des litiges. Celle-ci devrait avoir des compétences suffisantes
pour amener les parties en conflit à une négociation fructueuse et donc à
une solution qui les engage. Elle devrait néanmoins jouir d’une autonomie
suffisante pour assurer à chaque intéressé un traitement impartial.
Reste que le terme « conflit » ne devrait pas être employé à tort et à
travers. Entre l’expression de tendances différentes et une querelle
ouverte, la nuance peut être de taille. Durcir les oppositions ne facilite
pas les relations, remarque l’I.P.B.
Les conclusions que l’I.P.B. tire de son enquête mettent en avant la
nécessité d’une approche « positive » des conflits dans l’Eglise. Le Conseil
insiste sur « la bonne volonté nécessaire pour relativiser chacun son propre
point de vue ». Au-delà des recommandations pratiques adressées aux évêques
pour la mise en place d’instances éventuelles de médiations, l’I.P.B.
souligne combien « la confiance et le respect réciproques » sont essentiels à
la solution des conflits. L’abus ou le manque de « compétence » semble aussi
fréquent dans les conflits internes de l’Eglise. A cet égard, remarque
l’I.P.B., la solution passera souvent par une formation accrue.
Les chrétiens et l’économie
Il y a plus d’un an, le Conseil pastoral interdiocésain flamand a entamé
une réflexion de fond sur « les chrétiens et l’économie ». Après l’écoute de
divers spécialistes et de représentants d’organisations socio-économiques,
un projet de document final a été rédigé.
Le document, qui sera soumis au vote de l’assemblée en février 95, commence
par souligner l’importance d’une approche critique de l’économie. Il aborde
ensuite les sources de l’inspiration chrétienne, l’influence de l’économie
de marché et suggère des attitudes éthiques fondamentales, au regard de la
Bible, face à quelques problèmes économiques typiques.
Les femmes et le ministère
La précédente session de l’I.P.B., en juin dernier, intervenait peu après
la parution de la lettre de Jean-Paul II renouvelant le « non » de l’Eglise à
un éventuel ministère sacerdotal pour les femmes. Suite aux nombreuses
réactions suscitées en Flandre par ce document pontifical, l’I.P.B. avait
demandé aux évêques de transmettre au Vatican la « protestation » d’une
partie des catholiques. Le cardinal Danneels en a parlé au pape, qui s’est
montré « attristé » et a insisté pour que les évêques « accompagnent bien » la
situation en Flandre. Le cardinal Danneels aura encore d’autres contacts au
Vatican à ce propos et le sujet sera de nouveau à l’ordre du jour de
l’I.P.B. en février.
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