Pour le Chemin de croix du Colisée, moins d’actualité, plus d’intériorité  

Confiées à de jeunes lycéens de Rome, les quatorze méditations du Chemin de croix du Vendredi saint au Colisée, présidé par le pape, lèvent le voile sur leur vie intérieure. Rendues publiques par le Saint-Siège le 24 mars 2018, elles montrent une génération lucide sur son époque et apte au courage.

Ecrites à la première personne par des plumes différentes à chaque station, ces méditations ont été réalisées avec la consigne de s’imaginer au Calvaire et de «faire parler [son] cœur».

On y perçoit en filigrane, à la première station – Jésus est condamné à mort par la foule – une critique de la société de masse, où «l’homme perd sa propre personnalité» et devient «sourd à l’appel du bien».

S’y trouvent aussi des considérations très spirituelles: la croix, symbole d’humiliation et de douleur, se révèle être une «promesse», de vie et de résurrection. Cela, écrivent-ils, permet «d’accepter nos souffrances» – 2e station où Jésus est chargé de la croix.

La force de tendresse des femmes

La contemplation de Jésus le fait apparaître comme «vrai homme», lorsqu’il tombe à la 3e et à la 7e station. Très humaine également, la comparaison du Christ avec un enfant qui fait ses premiers pas dans la vie et qui tombe, puis se relève avec confiance en prenant les mains de ses parents.

Le terme d’un «choix» à faire revient à plusieurs reprises, de manière transversale. Avec le courage et l’humilité que cela suppose, celui de prendre la croix à son tour et de suivre les pas du Christ. Prise en exemple, la figure de la Vierge Marie est «resplendissante même dans la tristesse».

La «force de la tendresse» des femmes est aussi mise en valeur, à la 6e station, avec Véronique essuyant le visage sanguinolent de Jésus. C’est alors la société de l’image, de l’apparence parfaite, qui est remise en question.

«Froide hypocrisie»

A la 8e station – Jésus rencontre les femmes de Jérusalem – c’est la «froide hypocrisie» qui est visée, dans un monde de paroles, à laquelle sont préférables les paroles directes de Jésus. Ses «paroles de vérité» ont «comme unique but la correction, non le jugement».

Le monde d’internet est aussi évoqué pour en montrer les limites : «nous sommes tellement conditionnés par tout ce qui circule sur le réseau que parfois je doute de mes propres paroles», soulignent-ils. Alors que le Christ, Lui, a eu «la force de supporter le poids d’une croix, de ne pas être cru, d’être condamné» pour ses «mots dérangeants».¨

Lus aux flambeaux

L’actualité est assez peu présente dans ces commentaires des textes de la Passion du Christ. Seuls les migrants et leur dignité sont mentionnés, lorsque Jésus est dépouillé de ses vêtements – à la 10e station.

Elaborés à l’aide de leur professeur, l’universitaire Andrea Monda, ces textes seront lus lors de la procession aux flambeaux et du Chemin de croix au Colisée, le 30 mars prochain, en présence du pape. Cet amphithéâtre, construit par Vespasien vers 70 après Jésus-Christ, doit son nom à une statue colossale de Néron qui figurait à côté. Il est ainsi devenu emblématique des persécutions contre les chrétiens sous l’empire romain, pendant les trois premiers siècles. C’est le pape Benoît XIV qui y installa un chemin de croix en 1749. (cath.ch/imedia/ap/rz)

Raphaël Zbinden

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