Evangile de dimanche: «Nous ne savons pas où …»

«Nous ne savons pas où on l’a déposé». Tel est l’aveu d’ignorance doublé d’impuissance de Marie-Madeleine qui, alors que le jour point à l’horizon, est toute tendue vers le lieu où Jésus a été enseveli. Constatant que la pierre qui scellait le tombeau est roulée, elle conclut que le corps de Jésus a été enlevé. Les chefs des Juifs, voulant éliminer le Messie de notre monde, n’avaient-ils pas supplié Pilate en hurlant devant Jésus: «à mort!» (littéralement: «enlève»)? Auraient-ils réussi, trois jours après sa mort, à «enlever» (c’est le même terme) le corps du Seigneur? Le fait d’ignorer «où» se trouve maintenant le corps creuse en Marie-Madeleine un désir inextinguible au point qu’après en avoir informé les disciples, elle n’aura de cesse de revenir en ce lieu.

«Il vit et il crut». C’est un absolu.

La nouvelle est communicative et jette les disciples dans la course. Pierre, qui entre le premier dans le tombeau constate de ses yeux que les linges et le suaire sont là, en ordre. Quant au disciple que Jésus aimait, il voit ce que Pierre a observé. Cependant, son regard n’est plus interrogateur. Il devient intérieur et met un terme définitif à l’enquête. «Il vit et il crut». C’est un absolu. Les linges et le suaire ne sont plus de simples objets à observer. Ils sont signifiants. Le mystère s’éclaire au plus intime du cœur du disciple: il passe de l’ignorance à la reconnaissance du dessein de Dieu révélé dans les Ecritures et signifié par les linges et le suaire. Plus de place pour la question: «où?». Devant le vide du tombeau, sans échanges de paroles, s’inscrit Celui qui est Vivant, invisible à nos yeux mais réellement présent.

«Nous ne savons pas». «Ils n’avaient pas compris». Tout l’Evangile tient dans cette ignorance. Dieu n’est pas où nous croyons le trouver. Nous l’avions déposé dans un tombeau neuf, soigneusement scellé, à l’abri de ses ennemis. Il n’est plus là. Et «nous ne savons pas où on l’a mis». Cette question du «où» ne fait-elle pas écho à une autre question, celle que Dieu pose à Adam dans le jardin d’Eden: «où es-tu?» (Gn 3, 9)? Au matin de la Résurrection, c’est l’être humain qui est à la recherche de son Dieu mais, pour le rencontrer, il doit y être introduit par le Ressuscité lui-même.

La nouvelle est renversante, comme est renversée la pierre du tombeau.

La résurrection vient d’en haut. La nouvelle est renversante, comme est renversée la pierre du tombeau. Le tombeau n’a pas été ouvert par effraction, pour être violé. Tout est paisible et en ordre car Dieu intervient en douceur et humilité. Alors que les Juifs ont obtenu de Pilate la condamnation qui «enlève» la vie à Jésus, Dieu arrache son Fils à la mort pour lui donner la vie qui n’aura pas de fin. Les disciples ne garderont pas pour eux cette absolue certitude qui les fait entrer dans le monde nouveau de Pâques. Si la pierre qui fermait notre monde est désormais roulée, alors, nous aussi qui croyons sur la foi des disciples, courons annoncer la Bonne Nouvelle.

Chantal Reynier | Vendredi 30 mars 2018


Jn 20, 1-9

Le premier jour de la semaine,
Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ;
c’était encore les ténèbres.
Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre
et l’autre disciple,
celui que Jésus aimait,
et elle leur dit :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau,
et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple
pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble,
mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre
et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ;
cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour.
Il entre dans le tombeau ;
il aperçoit les linges, posés à plat,
ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus,
non pas posé avec les linges,
mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple,
lui qui était arrivé le premier au tombeau.
Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris
que, selon l’Écriture,
il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

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