« Pour des raisons à la fois biographiques, personnelles et intellectuelles, je me fais une plus haute idée des catholiques », a assuré le chef de l’Etat français aux Collège des Bernardins, à Paris, devant 400 personnes. C’était la première fois que l’Eglise en France organisait un tel événement médiatique. « Et il ne me semble ni sain ni bon que le politique se soit ingénié avec autant de détermination soit à les [les catholiques] instrumentaliser soit à les ignorer », a-t-il poursuivi. « Nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l’Eglise et l’Etat s’est abîmé et qu’il importe, à vous comme à moi, de le réparer ».
Une allocution qui provoque de nombreux commentaires dans la presse du pays. Le quotidien français La Croix parle ainsi d’un « discours qui fera date, tant le président a insisté sur la rupture qu’il entend amorcer et dont l’enjeu n’est pas de changer la laïcité mais de raccorder le temporel et le spirituel ». Pour le journal, Emmanuel Macron a proposé aux catholiques un « nouveau contrat social et politique […] en insistant sur leur sagesse, leur engagement et leur liberté de parole ».
Guillaume Goubert, directeur de la rédaction de La Croix a qualifié le discours « d’étonnant ». « Jamais un président de la République ne s’était adressé de cette manière-là aux catholiques », a-t-il noté. Il constate que le chef d’Etat a reconnu « un rôle aux religions dans de débat public de manière plus claire et plus affirmée que ses prédécesseurs ».
Mgr Georges Pontier, président de la CEF, a salué, sur le site internet de la Conférence épiscopale, une rencontre « porteuse de nombreuses significations ». L’archevêque de Marseille y voit en particulier l’idée d’une nation « qui n’a pas peur de ses composantes et parmi elles celle de la foi religieuse d’un grand nombre de ses membres; d’une nation qui associe plutôt qu’elle n’exclut; d’une nation qui permet aux libertés individuelles de s’exprimer et qui le fait en faisant respecter par tous le souci du bien commun et celui de l’ordre public; d’une nation qui a suffisamment confiance en elle-même pour assumer sa diversité ».
Mais le discours d’Emmanuel Macron a également suscité nombre de réactions négatives. Dans le camp de la gauche, des personnalités ont notamment perçu ses paroles comme une atteinte à la laïcité. Jean-Luc Mélenchon a ainsi dénoncé un « Macron en plein délire métaphysique. Insupportable. On attend un président, on entend un sous-curé. » Pour le chef de file de La France insoumise, « le lien entre l’Eglise et l’Etat n’a pas lieu d’être, Macron va trop loin, c’est irresponsable ».
Pour le nouveau premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, « l’Eglise catholique n’a jamais été bannie du débat public […] En République laïque, aucune foi ne saurait s’imposer à la loi ».
Guillaume Goubert ne souscrit pas à cette vision des choses. « Ce qu’il [Emmanuel Macron] a prôné est un dialogue. Quand il a parlé d’un lien qui s’était abîmé, c’était pour dénoncer le fait que d’un côté, une partie de la classe politique – il ne l’a pas dit mais entendez la droite – a surjoué l’attachement catholique pour des raisons qui n’étaient que trop souvent électoralistes. Et de l’autre côté – entendez la gauche – on a trouvé toutes les raisons de ne pas écouter les catholiques, les reléguant par méfiance au rang de minorité militante contrariant l’unanimité républicaine. » (cath.ch/cx/ag/rz)
[rts:audio:9460815]Raphaël Zbinden
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