Le phénomène gangrène « tous les secteurs de la vie nationale. C’est une pratique mauvaise qui ne peut jamais être justifiée pour quelque raison que ce soit », ont-ils souligné dans leur déclaration, lue par le vice-président de la Conférence, Mgr John Oballa Owaa, évêque de Ngong, au sud du pays.
Les évêques ont indiqué que la corruption est « le plus grand problème auquel le pays est confronté ». Elle touche particulièrement les gouvernements des comtés et la police, ont-ils fait remarquer. Ils ont cité un exemple parlant: en mars dernier, plus de 130 personnes ont été arrêtées pour avoir présenté de fausses lettres d’admission à l’école de formation des Forces de défense du Kenya (KDF), à Eldoret, à l’ouest.
Pour les évêques, le pays devrait s’inspirer de l’expérience de la Corée du Sud et du Brésil où les dirigeants sont poursuivis, condamnés et emprisonnés pour corruption. Or, au Kenya, « la culture de la corruption est profondément enracinée », alors que « tout pays tolérant cette pratique continuera à rester pauvre ». Ils ont plaidé pour que l’intégrité morale et l’honnêteté soient intégrées dans le système éducatif, dès le niveau élémentaire. Ils ont exhorté la police à « restaurer son image », en évitant toute forme de corruption et de concussion.
Tout en appelant les citoyens à éviter de soudoyer les fonctionnaires pour obtenir ce à quoi ils ont droit, la KCCB s’est néanmoins félicitée de la « légère amélioration » de l’indice annuel de corruption de Transparency International, publiée en février dernier.
Sur le plan politique, elle a dénoncé, par la voix de son président, Mgr Philip Anyolo, évêque de Homabay, les politiciens qui ont déjà installé le pays dans une pré-campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2022. La Conférence a néanmoins salué la rencontre au sommet, le 9 mars dernier, du président Uhuru Kenyatta et du chef de l’opposition, Raila Odinga. Cette rencontre a eu lieu après trois mois d’affrontements entre partisans des deux adversaires politiques, à la suite de l’élection présidentielle controversée d’octobre 2017, remportée par le président Kenyatta, mais contestée par Odinga et ses alliés. Au terme de leur entretien, ils ont convenu de mettre fin à leurs différends, et de travailler ensemble pour un meilleur du pays. (cath.ch/ibc/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/kenya-les-eveques-denoncent-la-corruption-endemique-dans-le-pays/