Kenya: les évêques dénoncent la «corruption endémique» dans le pays

La Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB) a dénoncé la «corruption endémique» dans le pays et réclamé une lutte pour y mettre fin, dans un discours sur l’état de la nation, prononcé vendredi 13  avril 2018 au siège de l’archidiocèse de Nairobi, la capitale.

Le phénomène gangrène «tous les secteurs de la vie nationale. C’est une pratique mauvaise qui ne peut jamais être justifiée pour quelque raison que ce soit», ont-ils souligné dans leur déclaration, lue par le vice-président de la Conférence, Mgr John Oballa Owaa, évêque de Ngong, au sud du pays.

Les évêques ont indiqué que la corruption est «le plus grand problème auquel le pays est confronté». Elle touche particulièrement les gouvernements des comtés et la police, ont-ils fait remarquer. Ils ont cité un exemple parlant: en mars dernier, plus de 130 personnes ont été arrêtées pour avoir présenté de fausses lettres d’admission à l’école de formation des Forces de défense du Kenya (KDF), à Eldoret, à l’ouest.

La police dans le collimateur

Pour les évêques, le pays devrait s’inspirer de l’expérience de la Corée du Sud et du Brésil où les dirigeants sont poursuivis, condamnés et emprisonnés pour corruption. Or, au Kenya, «la culture de la corruption est profondément enracinée», alors que «tout pays tolérant cette pratique continuera à rester pauvre». Ils ont plaidé pour que l’intégrité morale et l’honnêteté soient intégrées dans le système éducatif, dès le niveau élémentaire. Ils ont exhorté la police à «restaurer son image», en évitant toute forme de corruption et de concussion.

Tout en appelant les citoyens à éviter de soudoyer les fonctionnaires pour obtenir ce à quoi ils ont droit, la KCCB s’est néanmoins félicitée de la «légère amélioration» de l’indice annuel de corruption de Transparency International, publiée en février dernier.

Politiciens tancés

Sur le plan politique, elle a dénoncé, par la voix de son président, Mgr Philip Anyolo, évêque de Homabay, les politiciens qui ont déjà installé le pays dans une pré-campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2022. La Conférence a néanmoins salué la rencontre au sommet, le 9 mars dernier, du président Uhuru Kenyatta et du chef de l’opposition, Raila Odinga. Cette rencontre a eu lieu après trois mois d’affrontements entre partisans des deux adversaires politiques, à la suite de l’élection présidentielle controversée d’octobre 2017, remportée par le président Kenyatta, mais contestée par Odinga et ses alliés. Au terme de leur entretien, ils ont convenu de mettre fin à leurs différends, et de travailler ensemble pour un meilleur du pays. (cath.ch/ibc/be)

 

Jacques Berset

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