Afrique de l’ouest: l'importance des femmes pour contrer l'extrémisme religieux

Il est nécessaire de renforcer la résilience des femmes et des communautés pour lutter contre la propagation des extrémismes en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Telle a été la principale conclusion d’une conférence internationale qui s’est tenue à Dakar, au Sénégal, les 10 et 11 avril 2018.

La conférence intitulée «Femmes, violence et terrorisme en Afrique de l’Ouest et au Sahel: bâtir une réponse régionale et internationale» a insisté sur l’importance «d’ancrer les actions des femmes» dans les objectifs de développement durable des Nations-Unies, afin de garantir une approche cohérente et efficace.

Les assises étaient organisées conjointement par l’ONU, la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest), le G5 Sahel, l’Union du Fleuve Mano (UFM: Guinée Conakry, Libéria et Sierra Leone), ainsi que le groupe de travail Femmes, paix et sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Elles ont permis de faire un état des lieux du rôle des femmes dans la prévention de la violence extrémiste. Les participants ont pu partager leurs expériences et analyses sur les actions et initiatives susceptibles de renforcer l’intervention des femmes dans ces domaines.

Impliquer les femmes dans la prévention

Dans leur déclaration finale intitulée «Appel de Dakar», les participantes ont exhorté les Etats de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel à prendre des mesures concrètes pour une implication systématique des femmes, en tant que «partenaires de choix», dans toutes les initiatives sociales, politiques, et économiques visant à renforcer la prévention de l’extrémisme violent et du terrorisme religieux.

Elles ont encouragé les Etats membres de la CEDEAO à fournir les ressources nécessaires à la mise en œuvre effective du «Plan d’Action femmes, paix et sécurité» dans leurs pays respectifs, et d’y assurer la protection des femmes. Elles ont demandé aux organisations régionales d’inviter les femmes leaders de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel à participer aux réunions statutaires de la CEDEAO et du G5 Sahel.

La conférence a en outre préconisé la mise en place d’un mécanisme régional permettant des échanges réguliers et périodiques entre les femmes engagées, leurs associations, leurs réseaux et les acteurs nationaux et régionaux responsables de la prévention de l’extrémisme.

Enlevées, violées et tuées

Le Ghanéen Mohamed Ibn Chambas, Représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et Sahel, a rappelé «les actes méprisables» commis sur les femmes par les groupes radicaux musulmans, tels que Boko Haram au Nigeria, AQMI et l’Etat islamique (EI) au Sahel et au Maghreb. Elles subissent des actes de torture, ainsi que des abus physiques et psychologiques. Les femmes, y compris les jeunes filles, sont enlevées, violées et parfois tuées, a-t-il souligné.

Pour Marie-Josée Kandanga, du groupe ONU Femmes, les femmes peuvent jouer un grand rôle de prévention dans la lutte contre l’extrémisme religieux violent, ainsi que dans l’accompagnent et la réintégration des victimes. Elles manquent cependant de ressources financières et matérielles pour faire ce travail. (cath.ch/ibc/com/rz)

Raphaël Zbinden

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