Les droits  des animaux

Un changement majeur affecte à notre époque l’alimentation humaine du fait de deux nouveautés. Il s’agit d’une part de la généralisation d’intolérances alimentaires (au lactose et au gluten notamment) à cause des traitements chimiques donnés à l’alimentation industrielle, d’autre part de l’incapacité de notre planète à supporter une surconsommation de viande à l’américaine. Du fait de leur consommation d’eau et de végétaux, les animaux sont beaucoup plus énergivores et leur surconsommation par les populations qui s’enrichissent, en particulier celles d’Asie, met en danger notre climat.

Ces deux nouveautés, ainsi qu’une meilleure prise en compte des problèmes de santé, créent un mouvement vers une alimentation plus végétarienne qui s’accompagne du développement de thèses qui nient la différence des espèces (thèse dite anti-spéciste). Celles-ci prétendent s’appuyer sur des travaux scientifiques en biologie et en écologie. Elles ont une certaine audience dans notre pays, au grand dam de nos éleveurs de viande. Elles remettent en cause la différenciation des espèces et en particulier la hiérarchie issue d’Aristote qui plaçait l’être humain au-dessus de toutes les autres

Au nom de cette hiérarchie, on a nié les droits des animaux et le respect dû aux végétaux ou à la terre elle-même. Quand on lit l’encyclique Laudato Si, on comprend que cette vision d’Aristote est datée et non chrétienne. Les animaux et la nature ont des droits qu’il faut préserver. Doit-on en déduire cependant que l’être humain est une espèce parmi d’autres qu’on ne pourrait différencier des animaux. La notion de droit est très précieuse pour nous donner la réponse à cette question. Il n’y a pas de droit sans devoirs et seule la personne a des devoirs. Elle seule est responsable d’elle-même, du prochain et de la nature. De ces devoirs découle en effet des droits dont les plus précieux sont les Droits de l’Homme.

«La personne est-elle seule sujet de droit»

Ainsi la personne est-elle seule sujet de droit. Elle seule est capable de créer une morale et une culture par son langage. Ces deux éléments suffisent à la différencier des animaux. Mais elle ne se différencie ni par l’intelligence ni par la souffrance. Les animaux souffrent également et sont également intelligents. C’est pour cette raison que la société en a fait des objets de droit. L’être humain ne peut leur infliger des souffrances inutiles ou gratuites. Il doit respecter leurs conditions de vie, ce que font les paysans qui aiment leurs bêtes.

L’industrialisation récente de la production alimentaire a par contre généré des pratiques qui scandalisent les personnes respectueuses de la nature. La télévision en fournit des exemples tous les jours. La raison de ces pratiques est toujours la même: la réduction des animaux à de pures marchandises que l’on pourrait manipuler comme bon nous semble.

Ces pratiques sont condamnables et doivent être rejetées par les consommateurs que nous sommes. Mais elles ne sont pas une raison pour adopter la thèse anti-spéciste qui nie les  spécificités culturelles et morales de la personne humaine. Notre principal problème n’est pas d’être végétarien ou omnivore qui est un choix personnel. C’est l’existence, parmi la production alimentaire industrielle, d’entreprises qui, pour des raisons de profitabilité immédiate, ne respectent pas les droits de la nature et des animaux et s’affranchissent des règles éthiques nécessaires à la vie en société.

Jean-Jacques Friboulet

18 avril 2018

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