Evangile de dimanche: sur un air connu…

«Aimez-vous les uns les autres…»: on connaît la chanson! Un pieux ronron pour nous bercer, bien loin de la réalité… Est-ce si sûr? Oui ces mots sont connus, archiconnus, répétés, usés, éculés. Et si on les dépoussiérait pour les redécouvrir? Dans les premiers versets de ce discours, Jésus se compare lui-même au cep et nous aux sarments, le Père étant le vigneron. Seul le sarment qui demeure sur la vigne peut porter du fruit: ainsi en va-t-il du disciple. Un sarment coupé de la vigne ne produit rien. De lui-même, le disciple ne peut rien: «demeurez en moi comme moi je demeure en vous» précisait Jésus.

«Aimez-vous les uns les autres…» Et si on dépoussiérait ces mots pour les redécouvrir?

Et ce dimanche, Jésus passe du domaine viticole à celui de l’amour humain avec le même réalisme. Un tout petit mot revient trois fois dans l’évangile de ce jour: «comme». «Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés» et Jésus d’inviter les disciples à demeurer dans cet amour; puis «vous demeurerez dans mon amour comme moi j’ai gardé les commandements du Père et je demeure dans son amour»; enfin, «aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés». Parfois dans l’évangile, il s’agit d’une comparaison: «comme il est écrit dans le prophète Isaïe…», ou d’une proportionnalité: «il leur parlait en paraboles comme ils pouvaient l’entendre», c’est-à-dire dans la mesure où ils pouvaient l’entendre. Mais ici c’est beaucoup plus profond: Jésus vise un fondement essentiel, un lien vital entre lui et le croyant, aussi indispensable que la greffe du sarment sur le cep. C’est pourquoi il ne dit pas seulement de demeurer dans l’amour en général, mais il précise: «demeurez dans mon amour».

Aimer comme Jésus nous a aimés: vous sentez-vous à la hauteur? La barre n’est-elle pas trop haute pour nous? Certes, mais si nous tenons au Christ comme le sarment au cep et comme le Fils à son Père, alors quelque chose d’inouï va se produire: comme l’amour du Père passe dans le Fils et le fait vivre, ainsi l’amour du Fils passe dans le disciple et lui permet de porter du fruit.

Aimer comme Jésus nous a aimés: vous sentez-vous à la hauteur?

Davantage encore: Jésus nous «commande» de nous aimer les uns les autres, alors que la sagesse populaire prétend que l’amour ne se commande pas! C’est vrai pour l’amour sentimental qui va et vient, et parfois dure… Et pourtant il n’y a pas là de quoi nous effrayer, puisque le Fils lui-même nous donnera cet amour que nous ne pouvons assurer à nous seuls. Le discours évangélique de Jésus n’a donc rien d’une berceuse usée: c’est un propos révolutionnaire et prophétique: nos amours humaines incertaines peuvent être renouvelées, assurées et pérennisées par le Christ. Et nous voilà promus »amis» de Jésus avec à la clé une joie profonde.

Jean-Michel Poffet | 4 mai 2018


Jn 15, 9-17

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Comme le Père m’a aimé,
moi aussi je vous ai aimés.
Demeurez dans mon amour.
Si vous gardez mes commandements,
vous demeurerez dans mon amour,
comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père,
et je demeure dans son amour.
Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous,
et que votre joie soit parfaite.
Mon commandement, le voici :
Aimez-vous les uns les autres
comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour
que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes amis
si vous faites ce que je vous commande.
Je ne vous appelle plus serviteurs,
car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ;
je vous appelle mes amis,
car tout ce que j’ai entendu de mon Père,
je vous l’ai fait connaître.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi,
c’est moi qui vous ai choisis et établis
afin que vous alliez,
que vous portiez du fruit,
et que votre fruit demeure.
Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom,
il vous le donnera.
Voici ce que je vous commande :
c’est de vous aimer les uns les autres. »

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