La Fête des Mères supérieures

Si les Mères supérieures de communautés n’ont pas d’enfants naturels, elles exercent néanmoins bel et bien une «maternité spirituelle». A l’occasion de la Fête des mères, le 13 mai 2018, deux responsables d’institutions romandes témoignent de cette fécondité particulière.

«La maternité, c’est donner la vie, en prendre soin et assurer sa croissance», explique Sœur Marie-Vérène, supérieure du couvent de Montorge, à Fribourg. «La responsable de la communauté est appelée ‘Mère’. En ce sens, la maternité qu’elle exerce est d’ordre spirituel. Cela veut dire qu’elle doit veiller à ce que les Sœurs aient assez de nourriture spirituelle. Pour dire autrement: qu’elles aient surtout le temps de prier. Mais cette ‘maternité’ exige également de veiller aux besoins physiques et psychologiques. La Mère supérieure doit s’occuper du bien-être et de la santé des religieuses, mais aussi de la bonne entente entre elles.»

Au service de l’unité

Un aspect que relève également Sœur Claire, de la Congrégation des Sœurs de Saint-Augustin, à Saint-Maurice. «Il est essentiel que la responsable de communauté soit au service de son unité. En cela, son rôle ressemble effectivement à celui d’une mère de famille». Pour la religieuse, qui a été de nombreuses années responsable de la communauté basée en Valais, les Supérieures doivent bien sûr avoir une certaine «fibre maternelle». Cela implique d’établir des relations inspirées par la douceur et le respect. La responsable doit aussi, comme dans la «maternité charnelle», organiser la vie communautaire.

Forts liens affectifs

Mais là s’arrête, pour Sœur Claire, les similitudes entre les deux statuts. Car une responsable de communauté est avant tout chargée de veiller à ce que soient gardées les valeurs de la congrégation, sa spiritualité, la mission établie par son fondateur. «Une communauté religieuse est composée d’adultes convoqués par un appel intérieur. La relation parents-enfants n’y est pas de mise. La responsable est aussi un lieu de médiation: c’est par elle par exemple que, dans la vie communautaire, se vit l’obéissance promise au Christ». Ce sont des relations où les liens affectifs existent néanmoins. Et ils peuvent être, selon Sœur Claire, «même plus forts» que dans une relation familiale.

Maternelle sans materner

La religieuse de Saint-Augustin reconnaît le danger des relations de types mère-fille qui peuvent se développer au sein des communautés. «S’il est important d’avoir une attitude maternelle, il est primordial de ne pas materner, insiste-t-elle. Ce type de rapport pourrait mener à l’abus de pouvoir ou à la dépendance. Alors que toute la place doit être laissée au Seigneur, car le seul but est de nous aider à grandir dans la foi et dans la liberté».

D’ailleurs, sa congrégation a abandonné dès 1980 le titre de «Mère supérieure» dans la vie courante. «Les relations sont ainsi devenues plus horizontales, plus fraternelles. Car si la responsable de communauté doit en assurer la direction, sa vraie mission est le service», précise-t-elle.

Tous appelés à la ‘maternité’

Un service ‘maternel’ qui s’étend à tous les consacrés et même tous les baptisés, relève Sœur Marie-Vérène. Elle cite ainsi saint François d’Assise, qui affirme dans une lettre: «Nous sommes des mères quand nous portons le Christ dans une conscience pure et sincère et quand nous l’enfantons par de saintes œuvres qui doivent luire en exemple pour les autres».

«Notre vie est féconde dans la mesure où elle est offerte à Dieu et où nous sommes fidèles à ses engagements», confie la Supérieure de Montorge. Des engagements extrêmement concrets: «Dans les monastères, de nombreuses personnes viennent confier leurs soucis, leurs problèmes de famille ou de santé. «Ces appels ne sont-ils pas des recours à la maternité spirituelle qui, par la foi de ces personnes peut porter son fruit?». (cath.ch/rz)

Raphaël Zbinden

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