Eglise du Chili: de graves omissions vis-à-vis des victimes d'abus sexuels

Les évêques chiliens seront reçus par le pape François du 15 au 17 mai 2018 au Vatican pour parler de la question douloureuse des abus sexuels commis au sein de l’Eglise au Chili et de la façon dont elle a été traitée par les responsables catholiques du pays. Le pape déplore de «graves omissions vis-à-vis des victimes».

La rencontre se déroulera dans une pièce attenante à la salle Paul VI. 31 évêques diocésains et auxiliaires, ainsi que 2 évêques émérites chiliens sont attendus. Le pape sera accompagné du cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les Evêques. Selon un communiqué du Saint-Siège, le pape François désire «examiner de manière approfondie les causes et les conséquences, ainsi que les mécanismes qui ont porté, dans certains cas, à la dissimulation ou à de graves omissions vis-à-vis des victimes».

Plus de 2’300 pages d’investigations

Au cours de ces entretiens privés, François souhaite partager ses conclusions personnelles, suite à l’enquête menée par Mgr Charles Scicluna, archevêque de La Vallette, et le Père Jordi Bertomeu, de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, aux Etats-Unis et au Chili en février dernier.

Les résultats de ces investigations, -plus de 2’300 pages-, ont été «complétées par de nombreux témoignages oraux et écrits, que Sa Sainteté a continué à recevoir au cours de ces dernières semaines». C’est d’ailleurs après avoir pris connaissance de cette enquête minutieuse, qu’il avait lui-même diligentée, que le pape avait décidé de convoquer l’épiscopat chilien à Rome.

Douleur et honte face à l’atrocité des crimes commis

Dans une longue lettre qu’il lui avait adressé le 8 avril dernier, le pape François faisait part de sa  «douleur et de sa honte», face à l’atrocité des crimes commis. Ses enquêteurs spéciaux lui avaient en effet avoué s’être sentis «dépassés par la souffrance de tant de victimes de graves abus de conscience et de pouvoir et, en particulier, des abus sexuels commis par diverses personnes consacrées».

Concernant le cas spécifique de Mgr Barros, le pontife avait lui-même confessé de graves erreurs personnelles dans l’appréhension de l’affaire.

Restaurer la confiance, accompagner les victimes

La rencontre du pape et des évêques chiliens est conçue comme une étape d’un  «long processus synodal», dont l’objectif est de «discerner, en présence de Dieu, la responsabilité de tous et de chacun dans ces blessures dévastatrices, mais également d’étudier les changements adéquats et pérennes qui puissent empêcher la répétition de  ces actes toujours répréhensibles». «Il est fondamental de rétablir la confiance envers l’Eglise, à travers de bons pasteurs (…) qui sachent accompagner la souffrance des victimes, et œuvrer avec infatigable détermination à la prévention des abus», poursuit le communiqué.

Le pape François remercie enfin les évêques pour leur disponibilité, et renouvelle l’appel lancé aux Chiliens de prier «pour la conversion de tous».

Des évêques chiliens mis en cause

Fin avril, le pape avait invité trois des anciennes victimes de l’ancien prêtre chilien Fernando Karadima à venir le visiter au Vatican. Durant 3 jours, Juan Carlos Cruz, James Hamilton et José Andrés Murillo se sont entretenus individuellement et à plusieurs reprises avec le pape, qui s’était mis à leur disposition.

A sa demande expresse, aucun communiqué officiel n’avait été publié à l’issue de ces rencontres, afin d’en respecter, le mieux possible, la confidentialité; la priorité du pontife ayant été «d’écouter le temps nécessaire les victimes, de leur demander pardon», dans un climat de «confiance et de réparation de la souffrance».

Absence du cardinal Francisco Javier Errázuriz

Selon des victimes, des évêques chiliens auraient été témoins de ces abus dans leur jeunesse mais les auraient tus. Les victimes ont mis en cause en particulier la gestion du cas par l’archevêque de Santiago, qui était à l’époque le cardinal Francisco Javier Errázuriz. Celui-ci, à la retraite depuis 2010 mais membre du Conseil des cardinaux (C9), ne sera pas présent à Rome. Il a toutefois indiqué avoir remis un rapport à ce sujet au chef de l’Eglise catholique.

Avec les évêques chiliens, le pape François veut effectivement combattre «sans relâche» les abus sexuels mais aussi comprendre les mécanismes et les responsabilités de ce scandale qui ébranle l’Eglise catholique au Chili et au-delà. Ces réunions auront lieu dans une «stricte confidentialité», sans déclaration publique du pontife, ni pendant ni après. (cath.ch/imedia/xln/vaticannews/be)

 

 

 

 

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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