Ernst Sieber, pasteur zurichois des marginaux et des démunis, est décédé

Le pasteur des sans-abri zurichois Ernst Sieber est décédé paisiblement, le 19 mai 2018, à l’âge de 91 ans, ont annoncé sa famille et sa fondation. Le pasteur avait consacré sa vie aux déshérités et aux marginaux, dont il se fit souvent le porte-parole, notamment au Conseil national où il a siégé de 1991 à 1995.

Pasteur, conseiller national, fondateur de nombreuses œuvres sociales, Ernst Sieber faut aussi un prophète qui n’a eu de cesse de dénoncer l’exclusion des plus démunis. Une parole forte, un style peu conventionnel, des actions coups de poing lui ont valu une grande notoriété en Suisse Alémanique et au-delà. «Le travail social consiste à partager ce que l’on a», estimait-il. Dans les années 80, il acquiert une dimension nationale en dénonçant la misère de la scène des toxicomanes du Platzspitz de Zurich.

Garçon de ferme puis théologien

Né en 1927 à Horgen, Ernst Sieber est d’abord domestique de ferme en Suisse romande avant d’entreprendre des études de théologie à l’Université de Zurich. Après un engagement dans les bidonvilles de Paris, il revient en 1956 comme pasteur d’Uitikon-Waldegg dans le canton de Zurich. Puis à partir de 1967 jusqu’à sa retraite en 1992, il est pasteur de la communauté de Zurich Altstetten.

Dès les années 1960, il s’engage pour les sans-abris. En 1963, il ouvre  son premier centre d’accueil  dans un abri sous-terrain de l’Helvetia-Platz, mis à disposition par la ville de Zurich. Au début des années 1970, il s’intéresse aux problèmes de la drogue. Au cours des années suivantes, il fondra de nombreuses oeuvres sociales regroupées en 1988 sous le toit d’une fondation. Ses communautés thérapeutiques, foyers pour sans-logis et centres de rencontre dans quatre cantons de Suisse alémanique, emploient plus de 200 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 20 millions de francs.

Conseiller national de 1991 à 1995

A ceux qui lui reprochaient son manque de transparence et d’organisation dans la gestion des ses affaires, il rétorquait: «Ils peuvent bien me prendre ma réputation (Ruf), mais il ne me prendront pas ma vocation (Berufung)». Dans les années 1990 et 2000, sa fondation d’oeuvre sociale connaît des problèmes financiers, qui conduiront finalement au départ de sa figure tutélaire. Mais il en faut plus pour arrêter le pasteur Sieber. En 2012, il inaugure encore le premier «village» de sans-abri de Suisse à Zurich-Affoltern.

En plus de son engagement auprès des marginaux et des défavorisés, le pasteur Sieber s’est aussi lancé en politique. Elu sur une liste des évangéliques, il a siégé au Conseil national de 1991 à 1995. Il intervenait également très régulièrement dans les médias pour défendre son combat.

Parler du pasteur Sieber, c’est aussi parler de sa femme Sonja avec laquelle il a élevé leurs huit enfants. (cath.ch/kath.ch/ag/mp)

Maurice Page

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/ernst-sieber-pasteur-zurichois-des-marginaux-et-des-demunis-est-decede/