Les voyages des papes à Genève

Avec trois visites depuis 1969, Genève est une des villes qui a reçu le plus souvent un pape. Après Paul VI et Jean Paul II, François visitera la cité du bout du lac le 21 juin.

Avant les papes du XXe siècle, on peut rappeler le passage à Genève, en 1418 de Martin V, élu l’année précédente par le concile de Constance. Sa désignation mit fin au Grand Schisme d’Occident et signifia le retour de la papauté d’Avignon à Rome.

Paul VI, le 10 juin 1969

Le 10 juin 1969, Paul VI répond à une invitation du Conseil oecuménique des Eglises et se rend à Genève. C’est le troisième grand voyage du pape Montini, après Jérusalem, New York et Bogota. Au siège du Bureau international du Travail, à l’occasion des 50 ans de cette institution, le pape lance un plaidoyer pour une plus grande justice sociale. Il évoque «le cri incessant de l’humanité souffrante». Paul VI rencontre également Haïlé Sélassié, l’empereur d’Ethiopie.

Le deuxième temps fort est sa visite au Conseil œcuménique des Eglise. «Cette démarche historique, qui suit sa rencontre avec le patriarche Athénagoras, est une expression concrète du désir de l’Eglise de répondre humblement au vœu du Sauveur de réunir toutes ses brebis dans l’unique bercail de la vie et du salut», commente le quotidien valaisan Le Nouvelliste.

Après ces visites et un cortège en ville, le pape Paul VI gagne le parc La Grange en bateau pour y célébrer la messe devant près de 70’000 personnes. Prenant exemple sur saint Nicolas de Flüe, le patron de la Suisse, Paul VI parle de la paix. Il évoque le risque de conflit nucléaire.

Jean Paul II le 15 juin 1982

Au cours de son long pontificat de près de 27 ans, le pape Jean Paul II est passé deux fois à Genève, une fois pour une visite aux organisations internationales en 1982 et une seconde fois lors de sa visite pastorale en Suisse en 1984.

Le 15 juin 1982, lors de l’arrivée de Jean Paul II à Genève, tout le monde a en tête l’attentat dont il a été victime un an plus tôt place Saint-Pierre.»Quand il est arrivé mardi matin à l’aéroport de Genève Cointrin, les traits fatigués et un peu tendus, il paraissait préoccupé et même un peu triste, comme un ouvrier sur le chemin de son usine», note le commentateur de l’Apic.

Au Bureau international du travail (BIT) le pape»fait taire toutes les théories actuelles pessimistes de lutte des classes au nom d’une vision chrétienne du travail […] qui accorde dans l’ordre social, une place primordiale à la vie humaine et à la liberté. A près de cinquante reprises, il utilise le mot solidarité». La référence au syndicat libre polonais Solidarnosc sonne comme une évidence.

Au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jean Paul II évoque la figure du Christ pour dénoncer la torture,»cette plaie vive de l’humanité». Au CERN (Conseil européen pour la recherche nucléaire), le pape plaide pour instaurer des relations nouvelles entre la science et la religion. Il met en garde contre une science qui pourrait se retourner contre l’homme, en particulier la bombe atomique.

Avant son départ, comme le fera le pape François, Jean Paul II célèbre la messe à Palexpo. La commentatrice  de la télévision est étonnée de la grande ferveur des fidèles.

Jean Paul II, le 12 juin 1984

Prévue initialement en 1981 et repoussée à cause de l’attentat, la première visite pastorale de Jean Paul II en Suisse a lieu du 12 au 17 juin 1984. C’est une visite marathon, comme à son habitude, avec après son arrivée à Zurich-Kloten des étapes à Lugano, Genève, Fribourg, Berne, au Flueli-Ranft, à Einsiedeln, Lucerne, et Sion, où il ordonne neuf prêtres. Durant les six jours de sa visite, Jean Paul II parcourt neuf villes et prononce 34 discours.

Jean Paul II arrive à Genève le 12 juin vers 17h au siège du Conseil oecuménique des Eglises (COE), où l’accueille son secrétaire général, le pasteur Philip Potter. Une prière et une célébration commune rassemblent autour du pape les personnalités et le personnel du COE. Le pape confirme que «l’engagement de l’Eglise catholique dans le mouvement oecuménique est irréversible et que la recherche de l’unité est une de ses priorités pastorales». Jean Paul II se rend ensuite rendu au Centre orthodoxe de Chambésy pour un échange avec le métropolite Damaskinos. Le 14 juin, une seconde réunion œcuménique, au niveau national cette fois, a lieu à Kehrsatz, près de Berne. Jean Paul II y rencontre les représentants des autres Eglises chrétiennes de Suisse.

Globalement lors de cette visite en Suisse, l’ambiance n’est pas au beau fixe, pas mal de catholiques n’apprécient pas le pape polonais qu’ils jugent autoritaire et réactionnaire. La ferveur populaire est bien là, mais l’enthousiasme n’est pas délirant. Plusieurs rencontres ne font pas le plein. «La moitié des Suisses et la moitié des catholiques aura été indifférente», note le chroniqueur de l’Apic.

Près de 20 ans plus tard, le 5 juin 2004 pour son 103e et avant-dernier voyage à l’étranger, c’est un Jean Paul II très différent qui débarque à la Bern-Arena pour y rencontrer les jeunes. Homme de douleurs, tassé dans son fauteuil, il peine à s’exprimer, mais son rayonnement intense attire la foule.»La rencontre du pape avec les jeunes fait un tabac», titre l’Apic.» (cath.ch/mp)

Maurice Page

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