Genève: Accueil chaleureux du pape François au Centre œcuménique

«Chers frères et soeurs, j’ai voulu venir ici en pèlerin à la recherche de l’unité et de la paix». D’emblée le pape François, qui a reçu un accueil joyeux au Conseil œcuménique des Eglises (COE) à Genève le 21 juin 2018, a marqué les esprits. Au moment de l’accolade avec le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, la foule massée de l’autre côté de la route criait «viva il papa!» à pleins poumons.

La prière commune ponctuée de chants en diverses langues, dans la chapelle du Centre œcuménique, a ponctué la première étape de la visite du pape François au Conseil œcuménique des Eglises, en fin de matinée du jeudi 21 juin. Un moment de recueillement axé sur le leitmotiv de ce pèlerinage œcuménique intitulé «Cheminer, prier et travailler ensemble».

«Cheminer, prier et travailler ensemble»

Accueilli chaleureusement par le pasteur luthérien norvégien Olav Fykse Tveit et par la présidente du Comité central du COE Agnes Abuom, de l’Eglise anglicane du Kenya, le pontife argentin était notamment accompagné du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Les délégués du COE, venus de tous les continents, ont chanté à l’arrivé du pape et de la délégation vaticane, accompagnée par Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg et président de la Conférence des évêques suisses.

La délégation du Vatican était également composée du secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, du cardinal Angelo Becciu, substitut de la Secrétairerie d’Etat, ainsi que de Mgr Ivan Jurkovic, nonce auprès de l’ONU à Genève, et du nonce apostolique à Berne, Mgr Thomas Gullickson.

Le COE salue la tradition d’ouverture et de dialogue du pape

Agnes Abuom, remerciant le pape de sa participation à la célébration des 70 ans du COE, a salué sa tradition d’ouverture à la rencontre et au dialogue «que nous lui connaissons et qui est au coeur du pèlerinage oecuménique de justice et de paix du COE». L’Eglise catholique romaine et le COE marchent sur des sentiers parallèles et partagent un engagement commun face aux défis du monde contemporain, a souligné la présidente du Comité central du COE.

Et Agnes Abuom de rappeler que tous deux partagent le souci des réfugiés fuyant la violence et l’impact des changements climatiques. «Nous sommes également engagés dans une étude conjointe sur la diversité théologique et ce que nous pouvons en apprendre. C’est ainsi, entre autres, que nous oeuvrons ensemble pour trouver des réponses fiables aux besoins des peuples du monde entier». Elle a souhaité que cette rencontre soit suivie d’un engagement renouvelé à incarner «un signe visible d’unité chrétienne».

«Un jour de bénédiction à garder au fond de nous»

Olav Fykse Tveit a parlé à son tour d’un «jour historique» tant désiré et pour lequel beaucoup dans le monde entier ont prié. «Ce jour est un symbole de l’amour divin ancré au coeur de notre foi. C’est un jour de bénédiction à garder au fond de nous, alors que nous progressons dans notre pèlerinage de foi».

«Nous savons que nous pouvons oeuvrer davantage pour les personnes dans le besoin lorsque nous travaillons ensemble en témoignage commun de l’amour de Dieu pour le monde». Il a souligné que cette journée produira des souvenirs partagés pour les années à venir.

«Nous persistons dans notre désunion»

Anciennement évêque de l’Eglise méthodiste unie des Etats-Unis et actuelle vice-présidente du Comité central du COE, Mary Ann Swenson a rappelé qu’à la suite du Concile Vatican II, l’Eglise catholique romaine et le COE ont débuté une coopération et un dialogue fructueux qui n’ont cessé de se renforcer et de s’intensifier au fil des ans. Elle a dit sa joie de recevoir à l’occasion de cette commémoration historique «le Saint-Père, le pape François, dont la vision et le travail ont inspiré, stimulé et renforcé les liens et la coopération avec le COE sur le chemin commun du pèlerinage de justice et de paix».

Les prières de cette fin de matinée étaient entrecoupées de chants en diverses langues: anglais, espagnol d’Argentine, araméen de Syrie, xhosa d’Afrique du Sud, français, latin…

Dans leur prière de repentance, les participants ont demandé pardon, car, comme l’a déploré le pasteur Olav Fykse Tveit, «en dépit de l’unité qui nous vient du Christ, nous persistons dans notre désunion». Priant pour la réconciliation et l’unité, ils ont rappelé, suivant la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates (3:8), qu’il  n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme «car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus».

«Venu en pèlerin à la recherche de l’unité et de la paix»

Se référant aux paroles de saint Paul adressées aux Galates, qui traversaient des difficultés et des luttes internes, le pape François a dit être venu dans ce lieu «en pèlerin à la recherche de l’unité et de la paix».

Il a souligné que le mouvement œcuménique, «auquel le Conseil œcuménique a tant contribué, a surgi par la grâce de l’Esprit Saint. L’oecuménisme nous a mis en route selon la volonté de Jésus et pourra progresser à condition qu’en marchant sous la conduite de l’Esprit, il rejette toute repli autoréférentiel».

Et le pontife de plaider pour que l’on choisisse d’appartenir au Christ avant d’être Juifs ou Grecs, comme le dit Paul aux Galates, d’appartenir au Seigneur avant d’être de droite ou de gauche , «choisir au nom de l’Evangile le frère au lieu de soi-même». Il a mis en garde contre la tentation «de marcher ensemble, mais avec l’intention de satisfaire quelque intérêt partisan. Ce n’est pas la logique de l’Apôtre, c’est celle de Judas, qui marchait avec Jésus, mais pour ses propres affaires…»

En Jésus, les murs de séparation ont déjà été abattus

«Je remercie Dieu, parce qu’ici je  vous ai trouvés, vous, frères et soeurs déjà en chemin. Marcher ensemble, pour nous chrétiens, n’est pas une stratégie pour faire davantage valoir notre poids, mais un acte d’obéissance envers le Seigneur et d’amour envers le monde. Demandons au Père de marcher ensemble avec plus de vigueur sur les routes de l’Esprit. Que la Croix oriente notre chemin, parce que là, en Jésus, ont déjà été abattus les murs de séparation et toute inimitié a été vaincue».

Le cardinal Kurt Koch a ensuite prononcé le credo de Nicée-Constantinople et après les intercessions, le pape François a lu la prière pour l’unité de l’Eglise. Pour le pontife, sur ce chemin, «la prière est fondamentale».

La célébration de prière au Centre oecuménique a été suivie d’un repas commun avec la direction du COE à l’Institut œcuménique de Bossey, avant la grande rencontre œcuménique de l’après-midi au Centre œcuménique.

JB


Troisième visite d’un pape au COE

La visite du pape François au Conseil œcuménique des Eglises – la troisième d’un pontife après celles de Paul VI en 1969 et de Jean Paul II en 1984 – est l’un des temps forts de la célébration œcuménique du 70ᵉ anniversaire du COE. L’organisation œcuménique basée à Genève regroupe près de 350 Eglises – de traditions orthodoxe, anglicane, vieille-catholique et protestante – représentant quelque 550 millions de chrétiens dans 120 pays du globe. «Cheminer, prier et travailler ensemble», le slogan de cette visite, fait écho à la volonté du pape François d’un cheminement commun, en chrétiens, à la suite du Christ ainsi qu’à l’appel du COE à participer à un pèlerinage de justice et de paix.

Un encouragement à la coopération entre les Eglises

Pour le Comité exécutif du Groupe mixte de travail de l’Eglise catholique romaine et du COE, la visite du pape François au COE est un événement unique qui encourage la coopération entre les Eglises membres du COE et l’Eglise catholique non seulement à l’échelle internationale, mais aussi à l’échelle régionale et nationale.

L’Eglise catholique romaine n’est pas membre du COE

L’Eglise catholique romaine (ECR), la plus importante de toutes les Eglises qui ne sont pas membres du Conseil œcuménique des Eglises, n’a jamais demandé son admission au COE. Mais le COE entretient des liens étroits avec l’ECR. Un Groupe mixte COE/ECR se réunit chaque année et les Commissions «Foi et Constitution» et «Mission et évangélisation» du COE comprennent des membres catholiques romains de plein droit. Un consultant catholique romain collabore avec le personnel du COE sur des questions missionnaires, tandis que le corps professoral de l’Institut oecuménique de Bossey compte un professeur catholique romain.

Depuis 1965, un Groupe mixte de travail (GMT), placé sous l’égide du COE et de l’Eglise catholique romaine, se réunit régulièrement pour évoquer des questions d’intérêt commun et encourager la collaboration. Des réunions plénières ont lieu chaque année et un groupe exécutif se réunit deux fois dans l’intervalle. Les deux co-secrétaires – représentant respectivement le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (CPPUC) et le COE – aident à coordonner les contacts entre le COE et les dicastères du Vatican.

Les activités du GMT concernent divers programmes du COE: le Pèlerinage de justice et de paix, des questions de doctrine, des questions en rapport avec la mission, la justice, la paix et la réconciliation, la formation œcuménique, les jeunes. Par l’entremise du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, l’Eglise catholique romaine collabore avec le programme du COE «Coopération et dialogue interreligieux». (cath.ch/be)

Jacques Berset

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