Intercommunion, réfugiés et droits de l'homme: la conférence de presse du pape

Au retour de son 23e voyage apostolique à Genève, le 21 juin 2018, le pape François a donné une conférence de presse dans l’avion, a constaté I.MEDIA. Il a affirmé n’avoir pas voulu donner «un coup de frein» sur l’intercommunion. Concernant les réfugiés, le successeur de Pierre a affirmé la nécessité d’aider l’Afrique. Il a enfin insisté sur l’engagement des Eglises pour la paix.

Fatigué mais content!

«Cela a été une journée un peu lourde pour moi, mais je suis content des différentes choses que l’on a fait: la prière, le déjeuner, puis la messe m’ont rendu heureux. Je suis fatigué mais content!». Ce fut une journée œcuménique. Nous devons enlever du dictionnaire le mot ‘prosélytisme’ .

Pas de coup de frein pour l’intercommunion en Allemagne

Interrogé sur l’intercommunion, le pape a indiqué que cela n’était pas une nouveauté. Le code de droit canon prévoit ce dont les évêques allemands parlent: la communion eucharistique dans des cas spéciaux. Les évêques se sont penchés sur la question des mariages mixtes. Le code dit que l’évêque de l’Eglise particulière doit gérer cela, c’est dans ses mains. Les évêques allemands, ont vu que ce n’était pas clair, que certains prêtres faisaient des choses en désaccord avec l’évêque, a expliqué le pape. Les évêques ont fait un étude de plus d’un an. «Je l’ai lu, et je peux dire que c’est un document restrictif. Il ne s’agit pas d’ouvrir à tous [la communion]. C’est une chose bien pensée, dans un esprit ecclésial. Ils ont voulu le faire pour l’Eglise locale.»

Le problème vient du fait que le code prévoit le cas pour l’évêque du diocèse, mais pas pour la conférence épiscopale. Or une chose approuvée par une conférence épiscopale devient immédiatement universelle. Pour le pape, c’est la difficulté de la discussion. Alors la Conférence épiscopale a envoyé les documents au Vatican, puis il y a eu deux ou trois rencontres de dialogue, de clarification. Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a envoyé cette lettre demandant l’unanimité aux évêques allemands «avec ma permission. «J’ai dit oui, c’est mieux de faire un pas en avant, et de dire que le document n’est pas encore mûr, que la chose devait être davantage étudiée.»

Pour le pape, il devrait s’agir d’un document d’orientation, car chacun des évêques d’un diocèse peut déjà gérer ce que permet le droit canon. «Cela n’a aucunement été un coup de frein.» Le pape François a reconnu néanmoins un manque d’information juste et un peu de confusion.

Accueillir les réfugiés

A la question de réfugiés, le pape a rappelé les critères déjà indiqués: accueillir,  accompagner, organiser, intégrer. Ces critères sont valables pour tous les réfugiés. «Chaque pays doit faire avec la vertu propre du gouvernant qui est la prudence. Un pays doit accueillir tant de réfugiés, ceux qu’il peut, ceux qu’il peut intégrer, éduquer, donner du travail. C’est le plan serein pour les réfugiés. Mais nous vivons une marée de réfugiés qui fuient la faim et les guerres, les persécutions au Moyen-Orient. En Europe, la Grèce et l’Italie se sont montrées très généreuses. Pour le Moyen Orient, la Turquie, le Liban, et la Jordanie ont acceuillis beaucoup de réfugiés syriens. D’autres pays comme l’Espagne en ont aussi accueillis.

Le pape a dénoncé encore le trafic des migrants. «Je ne connais pas bien les termes de l’accord… mais s’ils sont dans les eaux de la Libye, ils doivent  y retourner chez eux. J’ai vu les photos des prisons des trafiquant. Les trafiquants séparent tout de suite femmes et enfants. Et les femmes et les enfants vont Dieu sait où. Les prisons des trafiquants sont terribles. Les camps de la Seconde guerre mondiale devaient ressembler à cela. Mutilations, tortures, puis jetés à la fosse commune… Les gouvernements se préoccupent de ce que les réfugiés ne tombent pas dans les mains de ces gens-là. C’est une préoccupation mondiale. Je sais que les gouvernants parlent de cela et veulent un accord pour modifier celui de Dublin.»

S’exprimant sur les causes de l’exode, le pape est revenu sur la nécessité d’aider le développement du continent africain.  Il a noté que des pays européens pensent à un plan d’urgence pour investir intelligemment dans ces pays, pour donner du travail et une éducation.

Le pape a dénoncé encore «l’inconscient collectif» selon lequel l’Afrique doit être exploitée, car elle est «une terre d’esclaves». Pour lui, cela doit changer avec un plan d’investissement, d’éducation, car les peuples africains ont tant de richesses culturelles et une grande intelligence. Pour le moment les gouvernants doivent se mettre d’accord pour traiter cette urgence.

Le problème migratoire touchent aussi l’Amétique. En Amérique latine, il y a d’abord des migrations internes. «Dans mon pays, au nord et au sud, ces gens quittent la campagne pour chercher du travail dans les mégalopoles. «Pour les Etats-Unis, je suis derrière ce qu’ont dit les évêques du pays.»

Rôle des Eglises pour la paix

Le poape François est encore revenu sur le rôle des Eglises pour la paix. «Aujourd’hui lors du déjeuner, un pasteur a dit que le premier droit de l’homme est le droit à l’espérance. Nous avons parlé de la crise des Droits de l’homme. Pour le pontife, les droits de l’homme sont devenus relatifs, y compris le droit à la paix. Ce qui exige d’y penser en profondeur y penser en profondeur. Pour cela, les Eglises doivent travailler ensemble. «Cette 3e guerre mondiale, si elle se fait, nous savons avec quelles armes elle se fera : avec des bâtons, parce que l’humanité sera détruite. (…) Que d’argent dépensé dans les armes !

La paix et la fraternité, une humanité unie sont un mandat de Dieu, a rappelé le pape François. Tous les conflits ne se résolvent pas comme Caïn qui tue son frère Abel mais par des négociations. «S’il y a des religions de paix, y a-t-il des religions de guerre… ?» C’est difficile à comprendre. Il y certainement quelques groupes fondamentalistes dans quasiment toutes les religion. (cath.ch/imedia/ap/mp)

 

Maurice Page

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