Jugé au Vatican, Mgr Capella reconnaît l'usage de matériel pédopornographique

Mgr Carlo Alberto Capella, accusé de détention et d’échange de matériel pédopornographique, a reconnu les charges portées contre lui. Le deuxième jour du procès de l’ex-diplomate du Saint-Siège devant le Tribunal de l’Etat de la Cité du Vatican s’est ouvert le 23 juin 2018.

La veille, le prévenu avait reconnu les charges pesant contre lui, à savoir «la détention et l’échange de matériel pédopornographique mettant en scène des enfants avec la circonstance aggravante de leur grande quantité», peut-on lire sur Vatican News en italien, le site officiel du Vatican.

La première audience au tribunal de l’Etat de la Cité du Vatican, a donné lieu à l’interrogatoire du prévenu, a indiqué le Saint-Siège le 22 juin 2018, ainsi qu’à la lecture des chefs d’accusation.

Une «quantité considérable» d’images et de vidéos

Mgr Carlo Alberto Capella est accusé de détention et d’échange de matériel pédopornographique, avec le facteur aggravant d’une «quantité considérable» –  entre 40 et 50. Selon Vatican News, au cours de son témoignage, Mgr Capella a admis sa culpabilité, affirmant qu’elle résulte d’une «crise personnelle» depuis son transfert à Washington.

En 2016, a-t-il déclaré au Tribunal en expliquant son parcours, il a été envoyé aux Etats-Unis «sans enthousiasme» et a évoqué une «crise personnelle» déclenchée par son transfert de Rome à Washington. Il a alors ressenti un profond «sentiment de vide, une crise intérieure».

Un usage «inapproprié» d’internet

Mais l’ennui, le sentiment d’inutilité et le manque d’enthousiasme pour ces nouvelles fonctions le conduisent à rechercher des images amusantes sur internet, puis de la pornographie. Par des chats, des conversations «vulgaires» sur le web, il en est venu à la pornographie infantile. «Par respect pour la hiérarchie, par sens du devoir, je n’ai pas créé de problèmes, a-t-il expliqué. Au lieu de leur faire part de mon malaise, je les ai remerciés pour le transfert», a-t-il déclaré lors du procès.

«J’avais tort de sous-estimer la crise que je traversais,  j’avais tort de penser que je pouvais la gérer moi-même». C’est alors qu’il a commencé à faire un usage «inapproprié» d’internet. Il en ressent maintenant de la «répugnance».

Au service diplomatique du Saint-Siège

Originaire de Carpi, dans la province de Modène, en Emilie-Romagne, et ordonné en 1993 à Milan, Mgr Capella est entré au service diplomatique du Saint-Siège à la demande du cardinal Carlo Maria Martini, ancien archevêque de Milan.

Après des études à l’Académie pontificale des nonces, il a été envoyé en Inde en 2004, et trois ans plus tard à Hong Kong. Revenu à Rome en 2011 au sein de la Secrétairerie d’Etat, il a été transféré à Washington en 2016. Jusqu’alors, affirme-t-il, il n’avait jamais eu recours à la pornographie.

Dénonciation du Département d’Etat américain

En août 2017, le Département d’Etat américain avait notifié par voie diplomatique une «possible violation des normes en matière d’images pédopornographiques» de la part d’un membre du corps diplomatique du Saint-Siège accrédité à Washington. Mgr Capella avait alors été rappelé au Vatican. Le 7 avril dernier, il a été arrêté par la Gendarmerie vaticane et interné.

Depuis 2013, une nouvelle législation est en vigueur au Vatican, concernant les abus sexuels sur mineurs et également la pornographie. Tout prêtre reconnu coupable risque jusqu’à 12 ans de prison. (cath.ch/imedia/ap/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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