L’extrémisme de M.Trump

Certains observateurs de la politique américaine ont longtemps pensé que M. Trump était un conservateur libéral dans la ligne de M. Reagan. Ils se sont trompés. Le président américain est un idéologue qui met en pratique une pensée d’extrême-droite et s’affranchit, de ce fait, des règles que s’étaient imposés les Etats démocratiques depuis la deuxième guerre mondiale. Pour le comprendre, il suffit de citer quelques-unes de ses positions récentes.

La première est le transfert de l’ambassade des Etats-unis à Jérusalem. Ce transfert signifie l’arrêt de mort du droit des Palestiniens à un Etat viable. Il consacre la conception du «grand Israël» prônée par le gouvernement de M. Netanyahou et de certains évangélistes américains.

La seconde proposition est un protectionnisme radical qui a fait échouer la dernière conférence du G7. M.Trump a entamé une guerre commerciale contre ses alliés européens et la Chine. Cette hausse massive des taxes n’a aucune rationalité économique. Elle vise à faire croire au peuple que leur président les défend et traduit une xénophobie pour tout ce qui n’est pas américain. Le déficit des U.S.A. vis à vis de la Chine est pour 2017 de 380 milliards de dollars. Il ne sera pas comblé par la hausse de quelques taxes. La Chine a suffisamment d’arguments à faire valoir pour résister à cette guerre commerciale. En attendant, celle-ci signifie la mise en sommeil de l’OMC basée à Genève qui n’est plus d’aucune utilité. Elle sera néfaste pour notre pays et mettra en difficulté certaines productions au détriment de l’emploi.

«L’UE est un marqueur pour les mouvements d’extrême droite»

La troisième proposition est la décision de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien signé par l’ensemble des grandes puissances. Ce retrait confirme une propension marquée au rejet des accords internationaux. M.Trump refuse le multilatéralisme et se réfugie dans des relations bilatérales où le rapport de force lui est favorable.

Deux éléments viennent renforcer ce diagnostic. Le premier est l’hostilité totale du président des U.S.A. à l’Union européenne. Celle-ci est pour lui l’ennemi à abattre. Il a appuyé le brexit, soutient les gouvernements populistes européens qui combattent l’Union, et s’en prend maintenant ouvertement à Mme Merkel, dont il connaît le rôle-clé pour renforcer l’union entre les pays de ce continent. On peut dire d’ailleurs que l’UE est un marqueur pour les mouvements d’extrême-droite. Elle constitue leur tête de turc, que ce soit en France, en Italie et en Europe centrale et orientale.

«Nos autorités sont désarçonnées par une telle accumulation de décisions idéologiques»

Les dernières actions qui traduisent l’idéologie d’extrême droite de M.Trump ont été réalisées en matière d’immigration. Le président avait décidé de séparer les parents des enfants entrés illégalement aux U.S.A. sous le prétexte d’entamer des poursuites judiciaires contre les premiers. Plus de deux mille enfants ont été concernés en cinq semaines. Cette décision a foulé aux pieds les conventions internationales sur les droits de l’Homme et les droits de l’enfant. Elle a fait renaître des pratiques qui n’existaient plus dans les pays développés depuis la Deuxième guerre mondiale. Même si le président semble y avoir renoncé, il maintient la criminalisation des immigrés et leur maintien en centre de rétention. Cette décision s’accompagne du retrait des U.S.A. du Conseil des droits de l’homme à Genève.

Nos autorités sont désarçonnées par une telle accumulation de décisions idéologiques qui font fi d’un certain nombre de réalités. Elles les habillent du label de populisme. Mais il faut appeler un chat un chat. Les actes du président Trump sont inspirés par une idéologie d’extrême droite qui a toujours eu les plus funestes conséquences dans l’histoire récente.

Jean-Jacques Friboulet

27 juin 2018

 

 

 

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