Le pape François ne cherche «aucun rapport de force», estime Emmanuel Macron

Dans ses rencontres, le pape François semble ne chercher « aucun rapport de force », ce qui est très rare dans la vie diplomatique contemporaine, a considéré le président français le 26 juin 2018, au terme d’une journée de visite à Rome.

Pour sa première visite officielle au Vatican, le président français élu en 2017 s’est tout d’abord entretenu avec le pape François pendant près d’une heure – un temps record. « Nous avons eu une discussion philosophique, nous n’avons pas regardé nos montres », a-t-il expliqué. Selon lui, ces échanges ont été « extrêmement francs et extrêmement directs ».

Humilité du Souverain pontife

Lors de cette rencontre, Emmanuel Macron a été frappé par « l’humilité » du Souverain pontife. C’est un homme qui ne cherche « aucun rapport de force ». Cela est « très rare dans la vie diplomatique contemporaine » où les dirigeants cherchent avant tout à convaincre leurs partenaires internationaux. A l’inverse, le pape est resté dans un « questionnement partagé », a-t-il salué.

« Composer » avec différents principes dans les débats bioéthiques

Démarche qui n’empêche pas les désaccords, a reconnu le président français. Notamment sur les futures lois bioéthiques qui seront bientôt discutées en France: ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes (PMA), euthanasie, suicide assisté…

Emmanuel Macron a ainsi exposé au successeur de Pierre la situation actuelle en France sur ces questions. Il s’exprimera sur ces sujets controversés à « l’issue de ce débat ».

Pour le chef d’Etat français, il lui faudra alors composer avec différents principes, dont certains comme le « principe de vie » sont défendus avec vigueur par l’Eglise catholique. « Gouverner, c’est parfois choisir le moindre mal », a-t-il soutenu.

Accepter la « part d’histoire » judéo-chrétienne de la France

Lors de son audience avec le pape, Emmanuel Macron est également revenu sur sa vision de la « laïcité à la française ». Pour lui, c’est une « loi de liberté », garantissant à chacun la possibilité de croire ou de ne pas croire. Elle n’impose ainsi pas une neutralité religieuse de la société, a-t-il insisté, et permet la « critique » de toutes les religions – et même le « blasphème ».

Le dirigeant français a reconnu que son pays avait des racines judéo-chrétiennes, mais celles-ci ne sont pas exclusives. Pour lui, il est parfois nécessaire de s’en émanciper, mais aussi de regarder « cette part d’histoire ». C’est notamment pourquoi il a accepté de prendre possession de son titre de premier et unique chanoine d’honneur de Saint-Jean-de-Latran.

Face à la crise des migrants: une réponse de « responsabilité et de solidarité »

Par ailleurs, Emmanuel Macron est revenu sur la crise migratoire, elle aussi abordée lors de la rencontre avec le pape François. Pour lui, il s’agit en réalité d’une « crise politique » interne à l’Union européenne (UE), car les flux ont considérablement baissé depuis 2017.

Cette crise appelle une réponse de « responsabilité et de solidarité » entre les pays de l’UE, a-t-il considéré. Mais aussi une « vraie stratégie de co-développement » de l’Afrique. Car c’est « mentir [aux migrants] que de leur dire qu’ils seront plus heureux en Europe que dans leur pays ».

Enfin, Emmanuel Macron a renouvelé l’invitation faite au pape François de se rendre en visite apostolique en France. (cath.ch/imedia/xln/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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