Va et vient pontifical

Guy Musy |  Si j’admire le style direct, spontané et même déconcertant des propos de notre cher pape François, je demeure perplexe sur ses initiatives théologiques. Non que je les trouve inopportunes bien au contraire, mais fragiles et peu consistantes dans leur durée. Comme des embryons prometteurs qui ne verront jamais le jour.

En voici trois exemples. Le premier se réfère à un désir exprimé un jour par l’évêque de Rome d’étudier la possibilité d’instituer dans notre Eglise un diaconat féminin qui serait le parallèle de celui auquel les hommes mariés ont déjà accès. Bonne nouvelle, me suis-je dit, qui ouvre peut-être la porte à une ordination sacerdotale d’hommes et de femmes, mariés ou non. Espoir illusoire. Une intervention du la Congrégation de la foi vient de mettre un terme – provisoire ? – à ce rêve.

Et voici le second. A la suite d’un synode sur la famille et après avoir lu « Amoris Laetitia », on a pu comprendre que l’accès à l’eucharistie était désormais licite pour les catholiques divorcés et  remariés qui en feraient la demande expresse.  Là encore, il a fallu déchanter. Silence radio dans la Rome officielle, mais en coulisse chuchotement frondeur d’un quarteron cardinalice.

Et le troisième maintenant. Confusion au sein de la Conférence des évêques allemands. Une majorité d’évêques entraînés  par celui de Munich souhaitent que le conjoint luthérien d’un couple mixte puisse, selon les circonstances, accompagner à la communion son partenaire catholique. Protestation de la minorité entraînée par un autre cardinal. Rome ne dirime pas le conflit, mais renvoie la Conférence à sa copie, la priant de donner un avis unanime sur cette question.  Autrement dit, procéder à son enterrement.

Ces allers et retours nous surprennent de la part d’un pape qui a misé sur l’ouverture et veut sortir l’Eglise de sa glacière. Dispose-t-il des moyens de son audace ? « Je ne suis que le pape », aimait plaisanter un de ses prédécesseurs. Ne lui en demandons donc pas trop. Ayons plutôt l’œil sur les forces de l’ombre qui dès le début du pontificat de François tentent de l’obliger à retourner à la case de départ. J’ai souvenir qu’au temps du Concile un patriarche oriental avait coutume d’élever cette protestation : « Je ne me méfie pas de Pierre, mais du secrétaire de Pierre ». Une déclaration encore actuelle ?

Guy Musy | 3 juillet 2018

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