Le frère Michel Colin parle de sa vocation

Fribourg : profession : novice dominicain (130488)

Fribourg 13avril(APIC/Yvan Mudry) Pour préparer la journée mondiale de

prière pour les vocations (24 avril), l’agence APIC a interviewé un jeune

religieux de Suisse Romande. Le frère Michel Colin, 23 ans, est novice

dominicain au couvent Saint-Hyacinthe de Fribourg.

Frère Michel Colin, d’ou venez-vous?

Je viens de Neuchâtel, de la paroisse de Corcelles-Peseux et j’ai toujours beaucoup travaillé avec ma paroisse ou d’autres paroisses voisines.

L’année dernière, j’ai terminé à Genève une demi-licence en psychologie.

C’est à Genève que je me suis sérieusement posé la question de mon avenir.

La solitude y a peut-être été pour quelque chose, je me suis raccroché à ma

foi.

Pourquoi est-ce qu’on entre dans un ordre religieux aujourd’hui ?

D’abord on se sent appelé par le Christ à vivre quelque chose avec lui

et appelé à le vivre dans un milieu particulier, avec d’autres. J’avais le

désir de me sentir comme dans une famille. Pour moi, je dois l’avouer, ce

serait trop difficile de vivre seul.

Et pourquoi les dominicains ?

Au moment ou je me suis senti appelé à vivre plus proche du Christ, j’ai

parlé à plusieurs amis de ma recherche. Parce que je leur parlais de

prière, d’étude et de vie en communauté, deux amis, un prêtre et un religieux, m’ont conseillé coup sur coup d’aller voir chez les dominicains.

Avant, je n’avais jamais pensé à une communauté religieuse. Je suis allé

chez les dominicains assez vite.

On a parlé d’appel, est-ce qu’il y a quelque chose comme un appel, une

vocation ? Est-ce que c’est pas un peu le hasard qui vous a guidé?

Pour moi, quand on parle de la foi, on ne peut pas parler de hasard.

Pour comprendre ce que je dis, il faut avoir des yeux et un coeur implantés

dans la foi. Si je relis ma vie, je m’aperçois qu’il y a comme des jalons:

ce prêtre et ce religieux, d’autres rencontres, spécialement des rencontres

de prêtres qui vivaient leur sacerdoce sans cacher les difficultés ni les

joies que ça comporte.

Au fond, une vocation, c’est toute une histoire ?

Pour moi, c’est 23 ans d’histoire, il faut remonter au moins jusqu’à la

foi de mes parents, avant ma naissance.

Vous ne pouvez pas faire abstraction du contexte religieux actuel.

Est-ce que ce n’est pas très osé de s’engager dans un ordre religieux

aujourd’hui ?

Ce n’est pas une démarche suicidaire. J’ai rencontré beaucoup de

soutien, même de la part de non-croyants. Il y a un idéal chrétien qui

reste, malgré toute l’ignorance au sujet du christianisme. Je ne me sens

pas diminué parce que je fais ce choix, peut-être parce que la vie

chrétienne est une vie ou l’amour a la première place. La vie dans une

communauté est crédible à cause de ça.

Vous n’avez pas peur d’engager toute votre vie ?

Non. On ne peut pas décider seul, on ne peux pas faire de tels choix

seul, il faut que des amis de confiance confirment notre appel et nous aident à voir si on ne se cache pas quelque chose à soi-même. Si je n’ai pas

peur, c’est parce que cet appel se vérifie dans mon noviciat. Je ne m’engage pas tout de suite. Il y a des « fiançailles », j’apprends peu à peu à connaître cette vie. Le processus de « vérification » dure au moins 4 ans.

Quelle est la chose la plus dure à vivre pour un novice ?

C’est de se séparer de ses amis, non pas pour les perdre, mais pour se

retrouver un peu plus seul devant Dieu, pour encore affermir sa vocation,

pour voir si Dieu peut prendre toute la place. Il y a des manques affectifs

qui doivent en quelque sorte être comblés par Dieu.

Le renoncement, ça a un sens ? En prononçant des voeux, vous renoncez à

des choses qui sont très bonnes.

Ces renoncements, on n’est pas seul à les faire, une communauté les vit

avec moi. Il peut y avoir dans ces renoncements un acte d’amour pour le

monde entier. Pour la pauvreté, je continue à vivre ce que j’ai vécu. Les

dépenses sont réfléchies. Pour le célibat, je ne peux pas vous répondre en

une phrase, c’est trop complexe.

Et le sacerdoce ?

Pour moi, je ne crois pas que ce soit le plus important. Je me sens

d’abord appelé à annoncer l’amour de Dieu pour les hommes, et pour cela il

n’y a pas besoin d’être prêtre. Personne ne sait ce qu’est une communauté

religieuse, pas même les pratiquants. Les médias s’intéressent aux extrêmes

de la vie religieuse, aux vies complètement cloîtrées, contemplatives. Ils

s’intéressent peu à la vie religieuse apostolique, comme les dominicains la

vivent.

Est-ce que vous vous posez des questions sur votre vie future ?

Peut-être que la question du sacerdoce n’est pas encore très claire pour

moi. Je tiens beaucoup à ce que ce ne soit pas moi tout seul qui décide de

recevoir le sacrement de l’ordre, que ce soit ma communauté qui m’appuie.

Les questions que j’ai ne sont pas angoissantes. Elles trouveront une

réponse dans toute cette démarche d’apprentissage qui dure plusieurs années. (apic/ym)

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