Huile de palme: COOP réduit sa consommation, les autres doivent suivre

L’entreprise suisse de grande distribution COOP s’est engagée à réduire l’emploi d’huile de palme dans ses produits et à n’utiliser plus que de l’huile de palme au Bourgeon Bio issue d’une production durable. Pour les œuvres d’entraide, il s’agit d’une victoire d’étape dans la lutte contre l’accaparement de terres et la destruction de l’environnement par les plantations de palmiers à huile.

L’huile de palme est controversée depuis de nombreuses années. Bon marché, elle est présente dans de très nombreux aliments et cosmétiques. Mais sa culture nécessite de vastes superficies au détriment des forêts tropicales, notamment en Indonésie et en Malaisie. Pain pour le prochain, Action de Carême et Pro Natura dénoncent en outre l’accaparement des terres et les violations des droits humains.

Coop avait adhéré dès 2004 à la RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil). Cette organisation a en principe pour but de promouvoir l’huile de palme produite dans le respect de critères écologiques et sociaux. Mais il a fallu se rendre à l’évidence, cette certification très controversée ne suffit pas à résoudre les problèmes liés à la culture de l’huile de palme, reconnaît aujourd’hui l’entreprise. Qui adopte une politique plus volontariste dans le domaine. COOP n’utilisera ainsi plus que de l’huile de palme au Bourgeon Bio issue d’une production durable, y compris dans ses produits conventionnels de marque propre. Coop prévoit aussi de remplacer l’huile de palme, dans une sélection de produits de marque propre, par d’autres huiles et graisses chaque fois que c’est faisable et pertinent. Les premiers produits de ce type garniront les rayons des magasins Coop dès le début de l’année 2019.

Victoire d’étape

Action de Carême et Pain pour le prochain voient dans cette décision un premier effet de leur une pétition signée l’automne dernier par 12’500 personnes. Les œuvres d’entraides appellent également les autres grands distributeurs à reconvertir leurs chaînes d’approvisionnement en huile de palme. L’autre géant orange, Migros, qui transforme beaucoup d’huile de palme dans ses propres marques, est particulièrement visé.

Pression politique au parlement

L’huile de palme est également sous pression politique. Le Conseil des Etats débattra, lors de la session d’automne, d’une motion, déjà adoptée par le Conseil national et soutenue par de nombreuses organisations, visant à exclure l’huile de palme des accords de libre-échange avec la Malaisie et l’Indonésie.

Pour Action de Carême, Pain pour le prochain et Pro Natura, outre la nécessité de remplacer un  produit tropical par des huiles et graisses locales, un changement fondamental s’impose dans l’alimentation. Il faut passer d’aliments prêts à consommer ultra-transformés à des produits frais, régionaux, saisonniers et biologiques. (cath.ch/com/mp)


L’huile de palme bio

Selon la COOP, l’huile de palme au Bourgeon Bio présente des avantages décisifs. Elle respecte les directives strictes de Bio Suisse (plus complètes que celles de l’UE). Elle ne provient pas d’exploitations ayant été défrichées après 1994 (forêts primaires et secondaires). La pratique des feux de déforestation est exclue avant et après récolte. Sa culture est exempte de pesticides ou d’engrais de synthèse. Elle est produite dans le respect de standards sociaux. La priorité est donnée aux coopératives de petits producteurs dans la mesure du possible. La difficulté est qu’il n’existe actuellement que trois producteurs d’huile de palme certifiés Bio Suisse dans le monde: un au Brésil, un en Colombie et un à Madagascar. Mais pour la COOP, une production durable d’huile de palme est faisable et pertinente puisqu’elle offre de loin le rendement au m2 le plus élevé comparé aux autres huiles et graisses.


L’huile de palme comme agro-carburant

La majeure partie de l’huile de palme importée est transformée par l’industrie alimentaire. Le secteur non alimentaire représente un quart à un tiers de la consommation. On peut citer le cas des bougies dont l’ingrédient principal est d’huile de palme à 40% ou encore les cosmétiques et les détergents.

Sur le plan mondial, 5% de l’huile de palme servent comme carburant ou pour se chauffer. En Allemagne, ce chiffre atteint 40%. La Suisse a dès le départ découragé l’utilisation de cette huile comme agrocarburant.

En janvier 2018, l’UE a voté pour amendement au projet de loi sur les énergies renouvelables qui demande d’éliminer l’huile de palme des biocarburants dès 2021. L’Indonésie et la Malaisie, les deux plus grands producteurs d’huile de palme, ont protesté contre cette mesure qui mettrait à mal leur industrie. L’année dernière, l’Indonésie a exporté un total de 28 millions de tonnes d’huile de palme, d’une valeur de 23 milliards de dollars, dont 40% sont allés à l’Europe pour la conversion en biocarburants. (cath.ch/com/mp)

Maurice Page

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