Evangile de dimanche: les dangers de la jalousie

Un confrère plus ancien que moi dans la vie religieuse m’a un jour dit: «beaucoup de personnes se montreront volontiers miséricordieuses pour tes erreurs et tes faiblesses… mais elles auront, au fond, plus de difficultés à te pardonner tes succès».

Les années passant, je me rends compte que cette phrase, bien qu’assez sombre, n’est pas dépourvue de fondements: la jalousie peut être à l’œuvre non seulement chez les autres, mais bien souvent chez moi également. Car c’est bien de jalousie dont nous parle l’Evangile de ce dimanche, en en désignant deux racines qui sont profondément liées l’une à l’autre.

«La première racine de la jalousie est la perte du sens du bien.»

La première racine de la jalousie est la perte du sens du bien. Il est frappant de constater que les compatriotes de Jésus reconnaissent tout le bien qu’il accomplit. Mais ils passent immédiatement à un questionnement qui les concerne eux. Le bien donné passe au second plan et l’autre est d’abord vu comme un concurrent: «pourquoi est-ce à lui qu’il est donné d’accomplir tout cela et pas à nous? Et pas à moi? Qu’avons-nous de moins?»… Ce bien que Jésus accomplit, il pourrait pourtant aussi habiter ses compatriotes. La renommée de l’enfant du pays pourrait être leur renommée à tous. Ils pourraient se réjouir du fait que d’autres hommes puissent bénéficier de l’enseignement et des guérisons accomplies par Jésus. Pourtant, ils cherchent à se regarder eux-mêmes plutôt que de regarder le bien qui s’accomplit.

«La seconde racine de la jalousie réside dans l’oubli de Dieu.»

La seconde racine de la jalousie est encore plus radicale. Elle réside dans l’oubli de Dieu. Jésus est présenté comme «le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon». A aucun moment, Jésus n’est défini en fonction de Dieu qui œuvre en Lui. La jalousie consiste à oublier que l’autre ne peut être réduit à quelques caractéristiques extérieures; qu’il est un cœur que Dieu seul connaît et que c’est Dieu qui est à l’œuvre dans sa vie, que c’est Lui l’auteur de sa fécondité. Etre jaloux c’est oublier le mystère qu’est chaque être humain visité par Dieu.

S’enfermer en soi. Oublier Dieu. Loin d’être une broutille, la jalousie est une pente dangereuse qui mobilise en nous des dynamiques négatives susceptibles de nous couper de Dieu. L’été est un temps différent, un temps d’émerveillement. L’émerveillement est sans doute le meilleur antidote contre la jalousie. Un émerveillement pour ce que Dieu nous donne et qui fait notre grâce propre. Un émerveillement devant la diversité de ses dons à chacun. Une diversité qui manifeste sa grandeur. Sachons donc vivre un temps d’émerveillement: bel été à tous.

Jacques-Benoît Rauscher | Vendredi 6 juillet 2018


Lc 4, 18ac

  En ce temps-là,
Jésus se rendit dans son lieu d’origine,
et ses disciples le suivirent.
Le jour du sabbat,
il se mit à enseigner dans la synagogue.
De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient :
« D’où cela lui vient-il ?
Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée,
et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?
N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie,
et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ?
Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? »
Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
Jésus leur disait :
« Un prophète n’est méprisé que dans son pays,
sa parenté et sa maison. »
Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ;
il guérit seulement quelques malades
en leur imposant les mains.
Et il s’étonna de leur manque de foi.
Alors, Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

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