«L’islam est une religion suisse», estime Pascal Gemperli

Au nom de la Fédération des Organisations islamiques de Suisse (FOIS), le Vaudois Pascal Gemperli a réagi, dans la NZZ du 17 juillet 2018, au lien entre criminalité et religion. Ce lien n’est pas avéré, estime la FOIS, qui réclame de considérer la présence de l’islam en Suisse. Car la religion du Prophète est une réalité sociale, qui unit les musulmans suisses aux non-musulmans.

Une étude à paraître de l’Université de Zurich a relevé un haut potentiel de violence chez les jeunes musulmans de Suisse. Pour Pascal Gemperli, membre de la Fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS), cette analyse est contestable. L’ancien président de l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM) estime trop rapide le lien établi entre religion et criminalité.

«L’appartenance religieuse n’est pas un facteur incitant à la criminalité», confie-t-il à la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) du 17 juillet 2018. Pour preuve, les condamnations de jeunes n’attestent pas d’une surreprésentation de la population musulmane. En outre, Pascal Gemperli estime que les musulmans sont trop souvent considérés «en bloc», alors que les différences confessionnelles entre les chrétiens sont mieux appréhendées.

L’islam réduit à la radicalisation

Par ailleurs, la violence naît chez les jeunes d’une combinaison. Ne prendre en compte que des facteurs sociaux, psychologiques ou émotionnels ou faire le lien avec des expériences violentes antérieures ne suffit pas. De même, la seule explication religieuse ne suffit pas à faire comprendre que certains jeunes basculent dans la violence.

De manière générale, l’islam suisse s’helvétise, estime Pascal Gemperli. La socialisation des musulmans suisses est excellente, les jeunes musulmans devenant des citoyens ordinaires («Bünzli-Schweizer») comme leurs camarades suisses.

Pourtant la stigmatisation des musulmans suisses augmente. Depuis 2013, les cas de discrimination ont plus que doublé, et les articles de distanciation par rapport à l’islam sont majoritaires en 2016 et 2017, alors que les échos médiatiques favorables sont très rares. «L’islam dans sa diversité est de plus en plus réduit à des éléments problématiques comme la terreur et la radicalisation», constate le musulman vaudois.

L’islam, une religion suisse

Cette islamophobie est renforcée par le traitement médiatique qui multiplie les généralisations: ainsi le fait que les jeunes musulmans surveillent leurs petites amies ou exerceraient des pressions sur elles, comme un élément lié à leur religion d’origine. depuis le 11 septembre 2001 et les derniers attentats djihadistes, il existe, reconnaît Gemperli en réponse à la NZZ, un problème de réputation pour les musulmans en Suisse. L’esprit du temps explique en partie ce phénomène. Mais il manque «une perception positive des musulmans en Suisse. Il faudrait «la reconnaissance de l’appartenance à une communauté de destin suisse avec un avenir commun et la reconnaissance sociale des communautés musulmanes comme élément constitutif de la nation. L’islam est une religion suisse. C’est une réalité sociale», conclut le Vaudois. (cath.ch/bl)

 

Bernard Litzler

Portail catholique suisse

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