Les jeunes et la foi: une démarche personnelle

Les jeunes ne veulent pas être religieux, mais ils trouvent bonne la foi. Tel est un des constats établis par l’Université de Tübingen (Allemagne) dans une étude sur la religiosité des jeunes.

Jeunesse, foi, religion (Jugend, Glaube, Religion, Waxmann Verlag): l’étude menée par Helga Kohler-Spiegel, professeure de la Haute Ecole pédagogique du Vorarlberg, l’a conduit à interroger plus de 7’000 jeunes sur la foi, l’Eglise et la religion. Les jeunes ont été questionnés durant une période d’environ 18 mois, ce qui permet de mesurer l’évolution de leurs perceptions.

Résultat: plus de la moitié des jeunes interrogés (52%) croient en Dieu. Et les trois quarts de ces croyants prient occasionnellement ou fréquemment, notamment pour confier leurs soucis ou pour rendre grâce. Toutefois, seuls 22% des jeunes se décrivent comme «religieux», presque deux fois plus d’entre eux (41%) se déclarant «croyants».

Décider librement

Pour les jeunes, la foi est une démarche individuelle. Façonner sa propre foi et décider librement du domaine religieux revêt pour eux une grande importance. Face à l’institution ecclésiale, ils ont une attitude ambivalente. Ce n’est qu’à contrecœur qu’ils s’identifient avec le caractère institutionnel de la religion.

D’une courte majorité, les jeunes ont une perception positive de l’Eglise. Cela va de pair avec leur attitude critique marquée face à l’institution; 54% considèrent leur propre foi comme indépendante de l’Eglise. Cependant cette dernière est perçue positivement là où les jeunes font l’expérience de la communauté, par exemple dans les groupes de jeunes, chez les servants de messe ou comme choristes.

Attitude plus critique envers l’Eglise

L’étude montre que la foi en Dieu reste relativement stable durant la période de l’adolescence, mais que les attitudes critiques à l’égard de l’Eglise s’intensifient avec l’âge. L’intérêt pour les questions religieuses s’accroît durant le temps de l’enquête. De fait, être capable de se forger sa propre opinion en matière religieuse et être pris au sérieux quant à ses propres interrogations est très important pour les participants à l’enquête.

En outre, la question d’une vie après la mort est très présente dans l’esprit des jeunes. Seuls 8% d’entre eux se montrent indifférents devant cette question.

«L’Eglise doit changer»

Les trois quarts des jeunes s’intéressent aussi aux autres religions et cultures, et sont ouverts au dialogue. Chez un quart des jeunes interrogés, l’affirmation qu’il y a trop de musulmans en Allemagne est plébiscitée. Ce point de vue est également partagé par 18 % des répondants musulmans. Cette constatation souligne l’importance des offres (scolaires et extrascolaires) pour faire face aux préjugés en matière religieuse.

Au cours de la période d’un an et demi, des changements sont visibles à l’adolescence: la croyance en Dieu reste généralement constante pendant la durée de l’enquête, tandis que les attitudes critiques à l’égard de l’Eglise se renforcent considérablement. Ainsi, l’affirmation «l’Eglise doit changer si elle veut s’assurer un avenir» passe de 61% à 71%. Dans le même temps, les jeunes manifestent plus d’intérêt pour les questions religieuses, ce qui se traduit également par une évaluation plus positive de l’éducation religieuse et éthique dans la deuxième enquête.

Adolescentes plus religieuses

En comparant les différents groupes, il appert que les adolescentes ont des valeurs religieuses plus élevées que les jeunes gens dans divers domaines. Parmi les groupes consultés, le groupe des écolières musulmanes se distingue surtout par une forte croyance en Dieu et moins de doutes sur leurs croyances.

Au final, le constat de Helga Kohler-Spiegel rejoint celui d’autres enquêtes du même type: pour la jeunesse musulmane, la religion appartient à sa propre identité, même s’ils ne sont pas des pratiquants réguliers. (cath.ch/feinschwarz/bl)

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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