Evangile de dimanche: comme les vagues de la mer

«Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel», puis: «Moi, je suis le pain de la vie», et encore: «Moi, je suis le pain vivant…» Les affirmations de Jésus semblent se répéter et pourtant chacune apporte une nuance à la précédente. Comme les vagues de la mer à la marée montante. Elles paraissent se recouvrir, mais chacune s’étale sur le sable un peu plus loin que celle qui l’a précédée. Laissons-nous porter par cette parole en mouvement, à chaque affirmation un peu plus loin, comme le nageur se laisse bercer par le flux et le reflux de la vague.

Voici ›la vague de la vie éternelle’: «Il a la vie éternelle, celui qui croit», puis: «si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement». Celui qui croit, et aussi celui qui mange de ce pain descendu du ciel vivront éternellement. Comme s’il y avait une équivalence entre «croire» et «manger de ce pain». Un «manger» qui ne se réduit pas à assimiler corporellement, mais qui est un «croire». Non pas un «croire que», ni un «croire à», mais un «croire» sans complément, absolu, sans délimitations. Manger de ce pain, comme Jésus y invite, c’est poser un acte de foi radical en lui. Un acte de foi qui déborde les définitions théologiques. Un acte de foi qui fait se jeter en lui, éperdument.

«Manger de ce pain». Un «manger» qui ne se réduit pas à assimiler corporellement, mais qui est un «croire».

Une autre vague arrive, qui se déploie plus loin. Elle en dit davantage sur ce pain descendu du ciel: «c’est [sa] chair, donnée pour la vie du monde». Non pas simplement sa chair, mais sa chair donnée. Non pas sa chair inerte, mais sa chair emportée dans un mouvement de don. Plus loin dans ce même chapitre de l’évangile de Jean, Jésus dira: «C’est l’Esprit qui fait vivre, la chair ne sert de rien». Si manger sa chair fait vivre, c’est qu’elle est habitée par l’Esprit qui est Don. Ce n’est pas sa chair en soi qui donne la vie, mais sa chair animée par l’Esprit. C’est d’être elle-même donnée, qui la fait pain vivant pour la vie éternelle.

Manger de ce pain fait entrer dans un même élan de don. Avoir la vie éternelle ce n’est pas accumuler comme dans un compte en banque des réserves de vie pour des siècles et des siècles, c’est dès aujourd’hui donner sa vie. Commencer à donner sa vie. Commencer, car c’est pas à pas, jour après jour, qu’on la donne. C’est au-delà de nos forces? C’est pour cela que «sa chair, donnée pour la vie du monde» nous est donnée en nourriture.

Jeanne-Marie d’Ambly | Vendredi 10 août 2018


 Jean 6, 41-51

 En ce temps-là,
les Juifs récriminaient contre Jésus
parce qu’il avait déclaré :
« Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. »
Ils disaient :
« Celui-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ?
Nous connaissons bien son père et sa mère.
Alors comment peut-il dire maintenant :
›Je suis descendu du ciel’ ? »
Jésus reprit la parole :
« Ne récriminez pas entre vous.
Personne ne peut venir à moi,
si le Père qui m’a envoyé ne l’attire,
et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
Il est écrit dans les prophètes :
Ils seront tous instruits par Dieu lui-même.
Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement
vient à moi.
Certes, personne n’a jamais vu le Père,
sinon celui qui vient de Dieu :
celui-là seul a vu le Père.
Amen, amen, je vous le dis :
il a la vie éternelle, celui qui croit.
Moi, je suis le pain de la vie.
Au désert, vos pères ont mangé la manne,
et ils sont morts ;
mais le pain qui descend du ciel est tel
que celui qui en mange ne mourra pas.
Moi, je suis le pain vivant,
qui est descendu du ciel :
si quelqu’un mange de ce pain,
il vivra éternellement.
Le pain que je donnerai, c’est ma chair,
donnée pour la vie du monde. »

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