Île Maurice: Le Conseil des religions appelle à lutter contre les trafiquants de drogue

Le Conseil des religions de l’Île Maurice a invité les religieux de toutes les confessions du pays – chrétiens, musulmans et hindous – à s’unir pour contrer «l’action destructrice» des trafiquants de drogues sur la société.

Le trafic de drogue s’est fortement accentué ces dernières années sur l’Île Maurice. Il a développé des ramifications régionales en même temps qu’il est devenu plus sophistiqué. Cette situation a poussé le gouvernement à mettre en place, en juillet 2015, une commission d’enquête sur les lacunes du système et les failles à l’aéroport et au port, pour combattre le trafic de drogue. La commission a rendu ses conclusions le 24 juillet dernier, après deux années de travail en évoquant notamment,  une «complicité et une infiltration dans le système de surveillance et de répression».

Saisies record de drogue

Dirigée par Paul Lam Shang Leen, un ancien juge à la retraite, la commission a auditionné, pendant ces deux ans, plus de 300 personnes, épluché les comptes bancaires de certains avocats et personnalités politiques, rapporte Radio France Internationale (RFI).  Pendant que la commission menait ses travaux, des saisies record de drogue impliquant des citoyens mauriciens ont été réalisées dans le pays et dans les pays voisins, notamment au Mozambique, à l’Île de la Réunion et à Madagascar.

Dans une déclaration publiée sur le site du diocèse de Port-Louis, capitale de l’Île Maurice, le Conseil des religions (COR) dit avoir accueilli «avec beaucoup d’espérance» le rapport de la commission. «A travers ce document, nous avons pris conscience de la profondeur du mal qui s’est introduit dans notre société mauricienne. C’est un mal qui atteint les citoyens à tous les niveaux, allant jusqu’à déstabiliser certaines institutions, elles-mêmes responsables de combattre le trafic de drogue», a-t-il poursuivi.

Corruption de responsables

Le COR a estimé que «les mesures appropriées» seront prises pour empêcher à l’avenir des officiers qui exercent de hautes responsabilités à enfreindre le code d’éthique de leur profession. Face au fléau du trafic de drogue, les leaders des confessions de Maurice estiment important que les institutions religieuses s’engagent elles aussi, toutes ensemble, pour éradiquer le mal. Elles ont accès à «tout un réseau» de volontaires qui pourraient travailler avec elles.

Leurs différentes traditions religieuses les encouragent à la compassion. Elles doivent montrer «concrètement»  leur compassion envers les malades que sont les toxicomanes «et leur tendre une main secourable pour ne pas les laisser tomber dans un gouffre».

Ravages des drogues synthétiques

La déclaration, signée par le Père Philippe Goupille, président du COR, rappelle avoir lui aussi attiré l’attention sur le fait des ravages des drogues synthétiques parmi la jeunesse. Ces drogues contribuent notamment à détruire les valeurs familiales. Le Conseil considère que  l’addiction est une maladie et qu’il faut la traiter comme d’autres maladies chroniques.

«Il est donc important pour nous d’encourager la réhabilitation des toxicomanes et surtout d’entreprendre un travail en amont pour informer notre jeunesse des dangers qu’elle court», ont souligné les membres du COR. Et d’affirmer qu’il ne suffit pas d’informer, mais «il faut aussi proposer des valeurs morales et un projet de vie qui motive les jeunes à trouver le chemin du bonheur en refusant de se laisser emporter dans le courant des plaisirs imaginaires et factices». (cath.ch/ibc/be)

Jacques Berset

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