Le pape veut que les évêques qui ont couvert des abus sexuels «rendent des comptes»

La lettre du pape François sur les abus sexuels demande que les évêques qui ont couvert des abus sexuels commis par des membres du clergé «rendent des comptes», a déclaré Greg Burke, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège le 20 août 2018.

Dans une lettre signée du 20 août et adressée au «peuple de Dieu», le pape exprime «honte et repentir» face aux «atrocités» des abus sexuels, de pouvoir et de conscience commis contre des mineurs et des personnes vulnérables. «Nous avons négligé et abandonné les petits», déplore-t-il, relevant que ces blessures «ne disparaissent jamais» pour les victimes. Le successeur de Pierre reconnaît ainsi «qu’aucun effort pour réparer le dommage causé ne sera jamais suffisant», a affirmé Greg Burke, soulignant que le pontife a reçu de nombreuses victimes depuis son élection.

Face à ce constat, a poursuivi le directeur du Bureau de presse, le pape estime «qu’il y a urgemment besoin que les coupables rendent des comptes». Ceux-ci ne sont pas seulement ceux qui ont commis des crimes, a indiqué Greg Burke, «mais aussi ceux qui les ont couverts, ce qui dans de nombreux cas signifie des évêques». C’est pourquoi, a-t-il noté, le Souverain pontife insiste sur le fait que les abus ne sont pas seulement un péché, mais aussi un «crime».

En juin 2016, le pape François avait publié le Motu proprio »Comme une mère aimante" pour faciliter les sanctions contre des évêques accusés de négligences dans leurs fonctions – en particulier sur cette question des abus sexuels. Ainsi, dans le cadre des affaires de pédophilie, un manquement jugé seulement «grave» est suffisant pour démettre un évêque de sa charge diocésaine. Cette possibilité n’a semble-t-il toutefois jamais été utilisée, ce qu’avait dénoncé une victime, Marie Collins. Celle-ci avait notamment donné cette raison à sa démission de la Commission pontificale pour la protection des mineurs en mars 2017.

Des «moyens très traditionnels de combattre le mal»

En plus d’appeler les institutions de l’Eglise à fournir les «protections nécessaires», le chef de l’Eglise catholique «demande à tous les fidèles de faire leur part». Selon Greg Burke, cela passe par des «moyens très traditionnels de combattre le mal : la prière et le jeûne».

La lettre du pape François – adressée aux fidèles du monde entier et non d’une zone géographique particulière – fait suite à un rapport de la justice de l’Etat américain de Pennsylvanie. Celui-ci a dénombré plus de mille victimes d’abus commis par près de 300 prêtres sur une période de 70 ans, depuis les années 1950. Ce rapport met aussi en cause la gestion par lesLe pape François veut que les évêques qui ont couvert des abus sexuels «rendent des comptes»évêques locaux, qui se sont parfois contentés de changer de paroisse les prêtres incriminés.

L’Eglise catholique est de nouveau touchée depuis plusieurs mois par le scandale des abus sexuels commis par des consacrés et de leur gestion. Ce scandale touche actuellement particulièrement le Chili et les Etats-Unis. Le cardinal Theodore McCarrick, archevêque émérite de Washington, a notamment démissionné du Collège cardinalice le 28 juillet, accusé d’avoir lui-même commis des abus sexuels.

Ce sujet des abus sexuels devrait être abordé par le pape François lors de son voyage en Irlande les 25 et 26 août, avait annoncé l’archevêque de la capitale, Mgr Diarmuid Martin, en juillet. L’Eglise dans ce pays a en effet été touchée par plusieurs scandales. Ceux-ci avaient motivé en mars 2010 une lettre pastorale du pape – alors Benoît XVI – aux fidèles du pays. Il s’y disait «profondément bouleversé» par les abus et exprimait «la honte et le remords» de l’Eglise. (cath.ch/imedia/xln/pp)

Pierre Pistoletti

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