L’abbé Bernard Miserez au Vorbourg: servir et accueillir

L’abbé Bernard Miserez, encore curé de Bulle (FR) quelques jours, évoque son prochain ministère à Notre-Dame du Vorbourg (JU), les paroissiens qu’il quitte et sa vocation. Le natif de Saint-Ursanne sera de retour au pays le 1er septembre 2018 pour «servir et accueillir».

 «Il faudra peut-être repenser… Enfin, je vais laisser passer les premiers mois et je verrai». A l’entendre, c’est tout vu, il se réjouit de la perspective de ce beau ministère: le service, l’accueil et l’écoute. Son rôle consistera à ouvrir à toutes et tous ce lieu de pèlerinage perché au-dessus de Delémont. Il y servira les gens de passage. L’abbé Miserez s’en défend mais il bouillonne d’idées. L’accueil, ajoute-t-il, est primordial car, au Vorbourg, tout le monde «doit se sentir à la maison».

Bernard Miserez va vers l’inconnu mais il est confiant, c’est dans sa nature. Natif de Saint-Ursanne (JU), l’abbé ne sera toutefois pas trop dépaysé. Il revient au pays après 13 ans. Il laisse derrière lui une unité pastorale de 13 paroisses, la responsabilité d’une équipe de 13 personnes, le Conseil de gestion, le Conseil de communauté. «C’est un changement qui m’interroge». Il se convertira à la mission. Celle d’accompagner, de recevoir les gens, avec ou sans rendez-vous. Passer de la cure de Bulle à l’accueil au Vorbourg ne l’afflige pas, au contraire il y voit une chance. «Là-bas, je serai plus disponible».

Pas de pincement au cœur

Accoudé sur la table, l’abbé Miserez plante son regard dans celui de son interlocuteur. D’une voix douce, il évoque l’Evangile mais avec une grande intensité. Il y revient souvent dans la discussion. Il ferme les yeux: «L’Evangile n’est pas la morale, au contraire, il ouvre des chemins». Il en a fait sa mission : signifier qu’il est pour tout homme.

Pas de pincement au cœur au moment de faire les cartons. Le curé quitte Bulle sans état d’âme, une paroisse où il a pourtant passé 10 ans. «Je ne joue pas Radio nostalgie», le Jurassien ne veut pas de messe d’adieu ni d’au revoir. Il est dans l’aujourd’hui, «et ce que j’ai vécu demeure en moi». Il a été heureux parmi ses paroissiens mais il faut partir.

Une communauté ouverte à du neuf

Il se dit impressionné par ces chrétiens qui manifestent un vrai désir de renouveler leur foi. «Ici j’ai pu lire l’Evangile dans la vie des gens». Les traditions sont bien ancrées dans la Gruyère. «Pas facile de faire émerger une expression de foi nouvelle», reconnaît Bernard Miserez. Il salue la spontanéité qu’ont ses ouailles à célébrer leur foi. Tout comme la capacité de la communauté paroissiale qui a su «visibiliser» l’Evangile.

La diaconie devait retrouver sa place dans la communauté. Comprenez qu’il est parvenu malgré des réticences à faire du service le fer de lance de son ministère. Avec, il insiste, le soutien de ses Conseils de gestion et de communauté. «La diaconie a même surclassé la catéchèse», précise-t-il. «J’emporte le bonheur des gens qui ont fait confiance et leur reconnaissance».

La vocation, bizarrement

Il raconte volontiers un parcours de foi peu ordinaire. Il ressent la vocation à l’âge de six ans, grâce à Joseph Barthe, curé de Saint-Ursanne à l’époque, «un homme qui était bon avec les enfants, qui avait de la considération pour eux». Il estime avoir eu beaucoup de chance avec les prêtres qui se sont succédés dans sa ville. Tout comme avec ses parents, qui tenaient un restaurant à Tariche, sur les bords du Doubs. Bernard Miserez rend grâce pour son enfance.

Il garde un souvenir ému des 7 ans passés à l’internat, à Noirmont puis à Marly. L’époque du Concile Vatican II. Lui qui suivait quotidiennement la messe en latin, il se souvient notamment du souffle qu’a apporté le concile dans l’Eglise: «Tout s’est simplifié à ce moment-là!»

La vocation s’estompe, elle revient bien plus tard, «bizarrement». Bernard Miserez a suivi une formation d’infirmier assistant à la Chaux-de-Fonds (NE). Les patients lui posent des questions sur la mort, sur Dieu. «Je n’avais pas de réponse. J’ai demandé à un prêtre. ›Je ne sais pas non plus’, m’a-t-il rétorqué». Mais ce dernier l’oriente vers le chanoine Fernand Boillat, de l’Abbaye de Saint-Maurice, qui résidait à Porrentruy. «Il m’a posé la question de la vocation. C’était ça!»

«Le seul regret de ma vie»

Après le séminaire de Fribourg, Bernard Miserez est ordonné en 1981. Des débuts comme vicaire à Delémont précèdent 16 ans à Porrentruy. Il arrive à Saignelégier en 2001. L’évêque de Belfort-Montbéliard, en manque de prêtres, lui demande, en 2005, de venir prêter main forte. Kurt Koch, alors évêque de Bâle, lui donne le feu vert pour 5 ans. A peine deux ans plus tard, le Jurassien est appelé par les évêques romands pour prendre en main la destinée de l’Institut de Formation aux Ministères (IFM). Il ne termine donc pas sa mission en France. «Le seul regret de ma vie».

Entre 1995 et 1997, l’abbé Miserez a refait des études de théologie à Strasbourg, puis à l’Institut catholique de Paris. Il évoque ce professeur qui lui demanda quelle incidence avait la résurrection du Christ dans sa vie, qu’est-ce que cette résurrection lui faisait faire. «Là, j’ai compris que la foi ne se proclame pas et qu’il faut donner tout son être au Christ et se laisser transformer par lui».

Bernard Miserez parle de ce qu’il vit, de ses missions, du service. De lui, il dit peu, il faut lire entre les lignes de sa vie pour entr’apercevoir un homme épris d’Evangile. Voué à la mission, il est déjà au Vorbourg. (cath.ch/bh)

Bernard Hallet

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