Abus sexuels: des évêques appellent à un synode extraordinaire

Plusieurs évêques ont récemment exhorté le pape François à convoquer un synode extraordinaire sur le thème des abus sexuels. Pour certains observateurs, d’autres moyens seraient plus adéquats pour traiter la crise actuelle.

Mgr Philipp Egan, évêque de Portsmouth (Royaume-Uni), a écrit au pape le 22 août 2018 pour lui demander de convoquer un synode extraordinaire sur «la vie et le ministère du clergé», rapporte le 2 septembre le site catholique américain Crux. Le prélat britannique suggérait que la rencontre couvre des sujet tels que «l’identité du prêtre et de l’évêque», le «mode de vie et les soutiens au célibat», ou encore «d’éventuelles règles de vie pour les prêtres et les évêques».

Protection des enfants et formation des prêtres

Une semaine plus tard, Mgr Edward Burns, évêque de Dallas (Etats-Unis), a transmis au pontife une lettre allant dans le même sens. La missive proposait de centrer les discussions sur la protection des enfants et des personnes vulnérables, ainsi que sur la formation des prêtres et des religieux.

Egalement fin août, l’archevêque de Philadelphie (Etats-Unis), Mgr Charles Chaput, annonçait avoir demandé au pape François l’annulation du synode des évêques sur la jeunesse et de «commencer à la place l’organisation d’un synode sur la vie des évêques».

Les difficultés d’un synode

Si le pontife n’a pas encore répondu à ces demandes, des observateurs de l’Eglise ont émis des doutes quant à la pertinence d’une telle option. «Dans un sens, un synode extraordinaire apparaît comme une formule taillée sur mesure pour la crise actuelle, car un tel scandale doit être traité avec une urgence absolue», confie à Crux Michael Dunnigan, professeur de droit canon au séminaire Saint Meinrad, dans l’Indiana (Etats-Unis). «Mais d’un autre côté, observe-t-il, il se pourrait qu’une formule ou structure différente soit plus efficace. Il est en effet difficile d’imaginer la planification, la préparation et la sélection des centaines d’évêques participants dans un délai suffisant pour conforter les fidèles». Pour le professeur, une telle initiative pourrait être «une porte ouverte à la frustration».

L’option du concile

Selon lui, le choix d’un concile comporterait certains avantages, notamment dans la capacité de prendre des décisions relativement rapides. «Dans un concile œcuménique, les évêques, avec le pape, exercent leur pouvoir de gouvernance. Dans un synode, les évêques ne font que conseiller le pape». Un autre point est que le synode est principalement une rencontre d’évêques. Les laïcs n’y participent qu’en observateurs.

Michael Dunnigan estime ainsi que la meilleure option, dans l’immédiat, serait une assemblée plénière extraordinaire de l’épiscopat au niveau des Etats-Unis. «Mais rien n’empêche les laïcs d’organiser une rencontre internationale à grande échelle sur le sujet des abus sexuels«, souligne-t-il. (cath.ch/crux/rz)

Raphaël Zbinden

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