Evangile de dimanche: Jésus gémit…

Avant d’entrer au monastère, j’ai fait un camp auquel participait un enfant sourd profond. Il entrait parfois dans de grandes colères, simplement parce que personne ne le comprenait, parce qu’il était incapable de communiquer. Il était comme enfermé en lui-même, emmuré dans sa solitude. Une telle situation m’aide à comprendre la portée symbolique de la guérison opérée par Jésus dans l’Evangile qui nous est proposé ce dimanche.

De prime abord, on a l’impression qu’il subit la situation: on lui amène une personne, sourde et qui parle difficilement et on lui dit ce qu’il doit faire: poser la main sur lui. Jésus, le Fils du Dieu vivant, se voit mis en demeure d’exécuter ce que demandent ces gens. Or que fait-il? Il le prend à part, il l’extrait de l’agitation de la foule pour créer une relation en tête-à-tête, avec lui qui a tant de peine à communiquer.

Et Jésus le touche: les gestes sont le seul langage possible. Il lève les yeux au ciel, comme un appel à la foi, pour lui montrer d’où lui vient véritablement la force qui va le guérir. Ici, la tradition liturgique nous dit que Jésus soupira, mais la traduction la plus juste serait probablement de dire que Jésus gémit. Qu’on est loin du dieu impassible! Il gémit, comme la création toute entière, dans l’attente de la rédemption (Rm 8, 22), ou l’Esprit qui intercède pour nous en des gémissements ineffables (Rm 8, 26). Jésus n’est pas indifférent à notre souffrance, à nos enfermements plus ou moins volontaires.

«La traduction la plus juste serait probablement de dire que Jésus gémit. Qu’on est loin du dieu impassible!»

Le gémissement de Jésus se comprend comme un cri face à la puissance du mal, mais aussi face au prix que lui coûtera la victoire sur celui-ci. Jésus se trouve à la croisée des chemins: il a perçu l’étendue du mal qui entrave, mais aussi se fait l’écho de la souffrance de Dieu qui ne saurait rester indifférent à sa créature. Ce carrefour le mènera à la Croix, qui sera le point culminant de l’amour de Dieu.

Pour l’heure, une seule parole: Effata! Ouvre-toi! L’effet est immédiat: les barrières tombent et la prédication d’Isaïe se trouve réalisée: les oreilles des sourds s’ouvriront et la langue du muet criera sa joie (Is 35, 5-6).

Nous aussi, sommes conviés à part, pour parler en tête-à-tête. Jésus est bien loin du tribun qui harangue les foules. Et évidemment, cette parole nous concerne également et elle doit retentir pour chacun de nous: Ouvre-toi, pour écouter et accueillir les enseignements de l’Evangile. Ouvre-toi pour dire ta foi par toute ta vie! Afin que tous puissent reconnaître d’où vient cette énergie, cette audace car «tout ce qu’Il fait est admirable».

Sœur Marie-Paule | Vendredi 6 septembre 2018


Mc 7, 31-37

En ce temps-là,
Jésus quitta le territoire de Tyr ;
passant par Sidon, il prit la direction de la mer de Galilée
et alla en plein territoire de la Décapole.
Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler,
et supplient Jésus de poser la main sur lui.
Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule,
lui mit les doigts dans les oreilles,
et, avec sa salive, lui toucha la langue.
Puis, les yeux levés au ciel,
il soupira et lui dit :
« Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! »
Ses oreilles s’ouvrirent ;
sa langue se délia,
et il parlait correctement.
Alors Jésus leur ordonna
de n’en rien dire à personne ;
mais plus il leur donnait cet ordre,
plus ceux-ci le proclamaient.
Extrêmement frappés, ils disaient :
« Il a bien fait toutes choses :
il fait entendre les sourds et parler les muets. »

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