L'Eglise allemande publie les chiffres des victimes d'abus sexuels

3’677 victimes d’abus sexuels sur mineurs ont été recensées dans l’Eglise allemande entre 1946 et 2014. 1’670 prêtres, diacres ou religieux ont été mis en cause dans ces affaires. Ce qui représente 4,4% du clergé sur une période d’un peu moins de 70 ans. Tels sont les principaux chiffres d’une étude commanditée par la Conférence des évêques d’Allemagne et dont les résultats finaux ont fuité dans la presse le 12 septembre 2018.

Le mandat de la conférence épiscopale (DBK) est clair, avait expliqué Mgr Stephan Ackermann, responsable pour les abus au sein de la DBK lors du lancement du projet en 2013. Cette étude sur la révélation des abus sexuels dans l’Eglise catholique devait contribuer à la clarté et à la transparence sur une page sombre de l’Eglise. Cela pour le respect des victimes, pour la prise de conscience des fautes et pour tout faire pour empêcher les abus de se reproduire, rapporte l’agence catholique allemande KNA.

Les hebdomadaires «Spiegel» et «Die Zeit» ont publié de manière anticipée des éléments de cette enquête qui devait être présentée à l’occasion de l’assemblée d’automne de la Conférence épiscopale à Fulda, le 25 septembre.

Une enquête de longue haleine

L’équipe constituée autour du psychiatre de Mannheim Harald Dressing a fouillé durant plusieurs années dans le personnel d’Eglise et dans les actes de justice pour recenser les cas d’abus pour la période de 1946 à 2014.

Ce mandat d’enquête pour une recherche approfondie a été confié un an après les premières révélations d’abus sexuels en Allemagne en 2010. Il donne aujourd’hui une image la plus complète possible. Mais les chercheurs soulignent qu’il faut compter avec une part non négligeable de cas inconnus, les sources à disposition n’étant pas suffisamment exhaustives.

Le profil des auteurs

La commission d’enquête interdisciplinaire avait déjà délivré en 2016 une série d’éléments sur le profil des auteurs d’abus. 80% d’entre eux étaient des prêtres en paroisse ou d’autres prêtres. Un tiers étaient immatures sur le plan affectif ou sexuel. Un cinquième présentaient des troubles de la personnalité. 17,7% avaient des tendances pédophiles. Et enfin 13,1% avaient une dépendance à l’alcool.

Les résultats actuels montrent que dans de nombreux cas, les coupables ont été couverts sans en informer leurs communautés. Pour un tiers des coupables des procédures canoniques sont documentées. Celles des tribunaux civils concernent 37,9% des auteurs.

La moitié des victimes avaient moins de 13 ans

Plus de la moitié des victimes étaient âgées de moins de 13 ans au moment des faits. Dans un cas sur six, il s’agissait de diverses formes de viol. Les trois quarts des victimes étaient dans une relation pastorale avec les auteurs.

L’enquête confirme aussi que beaucoup de victimes ont souffert de troubles psychiques comme des angoisses, de la dépression, ou corporels comme des migraines des troubles du sommeil, ou encore d’un isolement social.

Des voix critiques

Dès le lancement de l’enquête des voix critiques se sont fait entendre notamment sur le fait que la recherche n’avait pas été commanditée par une autorité civile ou indépendante, (contrairement, plus récemment, à l’Etat de Pennsylvanie ndlr) mais par l’Eglise elle-même. Par contre la commission a pu intégrer l’expérience des victimes. Dès le départ elle a été accompagné par un conseil consultatif formé de victimes de scientifiques et de représentants de l’Eglise. (cath.ch/kna/mp)

Maurice Page

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