Le pape invite les nouveaux évêques à combler le gouffre spirituel

Les évêques doivent répondre au «gouffre spirituel» qui a permis de «scandaleuses faiblesses» commises par des prêtres, a soutenu le pape François en s’adressant, le 13 septembre 2018, au Vatican, aux 144 participants à une formation pour les nouveaux évêques.

Organisée à Rome par la Congrégation pour les évêques et la Congrégation pour les Eglises orientales, cette formation a réuni les 144 évêques nommés entre août 2017 et juillet 2018. Parmi eux, onze appartiennent à une des Eglises catholiques orientales.

Les évêques, a demandé le successeur de Pierre, doivent prêter une attention toute particulière au clergé et aux séminaristes de leur diocèse. Notamment par des processus de sélection, d’accompagnement et d’évaluation. Mais pour le pape cela ne suffit pas: il faut combler le «gouffre spirituel» qui a permis de «scandaleuses faiblesses» – allusion aux abus sexuels, de conscience et de pouvoir.

Ces actes, a dénoncé le chef de l’Eglise catholique, ont nourri un «vide existentiel». A cause d’eux, «Dieu n’est jamais resté aussi muet, n’a jamais autant été réduit au silence, autant retiré d’un mode de vie comme s’Il n’existait pas». Les évêques doivent donc s’engager pour rendre le visage de l’Eglise plus saint, sans chercher de boucs émissaires ni s’enfouir dans la faiblesse.

«Les blessures de la chair du Christ»

Pour le successeur de Pierre, la sainteté est d’ailleurs le premier devoir de l’évêque, non pas choisi simplement par des décisions humaines mais «d’En Haut». Cet appel demande de se consumer nuit et jour, non pas pour alimenter une revendication narcissique d’être essentiel, mais pour transmettre la paternité de Dieu. Le pasteur diocésain doit ainsi être le témoignage de la sécurité de celui qui vit en Dieu, de la plénitude de vie de celui qui se donne au Seigneur.

Toutefois, a mis en garde le pape, les évêques doivent d’abord accueillir cette divine plénitude en creusant leur cœur. Pour cela, il leur faut s’approcher des blessures de la chair du Christ, c’est-à-dire faire leurs les souffrances de la communauté ecclésiale qui leur est confiée. En particulier celles de millions de personnes perdues, sans point de référence ni sentiment d’appartenance. Leur sort doit d’autant plus interpeller les évêques que souvent ceux qui auraient dû en avoir la plus grande responsabilité se fatiguent coupablement.

L’Eglise n’appartient pas aux évêques mais à Dieu. Pour le pape, les pasteurs diocésains doivent le chercher incessamment parmi leurs ouailles, dans les familles, les consacrés qui se donnent en sachant que le bien ne fait pas bruit, ou encore dans la fragile mais indestructible certitude que la vérité prévaut. La mission est donc d’accueillir cette Eglise comme «une épouse à aimer, une vierge à protéger, une mère à rendre féconde». (cath.ch/imedia/xln/mp)

Maurice Page

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