Le pape François en Sicile: un écho à la visite de Jean Paul II de 1993

Le pape François se rend en Sicile le 15 septembre 2018 pour honorer le prêtre antimafia Giuseppe «Pino» Puglisi, assassiné il y a 25 ans quelques mois après la visite du pape Jean Paul II en 1993. «Convertissez-vous ! Le jugement de Dieu viendra !», avait alors déclaré avec force le pontife polonais en direction de la mafia locale.

Le Père Puglisi, assassiné par la mafia, avait dédié une partie de sa vie à éloigner les enfants de l’emprise du crime organisé.

Après s’être rendu une première fois en Sicile en septembre 1982 pour deux jours, le pape Jean Paul II y retourne, trois jours cette fois, du 8 au 10 mai 1993. Au soir de la première journée, le pontife se rend à Agrigente, au sud de la Sicile où des jeunes réalisent un spectacle sous forme de tragédie grecque évoquant les méfaits de la mafia.

A l’adresse de la mafia: «Le jugement de Dieu viendra !»

«Ceux qui portent tant de victimes humaines sur la conscience doivent comprendre qu’il n’est pas permis de tuer des innocents !», déclare avec fermeté le pape le lendemain à la fin de la célébration eucharistique. Karol Wojtyla adresse alors un véritable réquisitoire dirigé contre la mafia, responsable de 126 assassinats en Sicile depuis le début de l’année. L’année précédente, les deux juges anti-mafia italiens Giovanni Falcone et Paolo Borsellino avaient eux aussi été assassinés par le crime organisé.

«Dieu a dit une fois: ›Tu ne tueras pas’: aucun homme, aucune association humaine, aucune mafia, ne peut changer et fouler aux pieds ce très saint droit de Dieu !»,  s’écrie encore le pontife polonais, tandis que la foule l’acclame. «Je le dis aux responsables: convertissez-vous! Un jour viendra le jugement de Dieu !».

Dans la soirée du 9 mai, Jean Paul II rejoint la dernière étape de son séjour, Caltanissetta, où il reçoit la veuve du juge Borsellino et les parents de Rosario Civitano, un autre juge victime de la mafia, tué en septembre 1990.

La longue trace de sang laissée par la mafia

Il célèbre enfin une messe dans cette cité au cœur de la Sicile le 10 mai, avant de rejoindre la prison locale. Devant son audience, composée en majorité de mafieux détenus, il poursuit son appel à la conversion. Le Christ «dépasse chaque injustice humaine, avec sa miséricorde il vainc  le mal et le péché», assure-t-il.

«Cette certitude fait déborder du cœur humain l’énergie nécessaire pour reprendre chaque jour le chemin de la conversion». Des mots qui suscitent chez les détenus des applaudissements nourris. A peine quelques mois après ce voyage pastoral, le 15 septembre 1993 le Père Giuseppe Puglisi, prêtre engagé contre la mafia, est tué à son tour. En se rendant en Sicile lors de l’anniversaire de sa mort, le pape François, à la suite de Jean Paul II, honorera toutes les victimes de la mafia.

Les mafieux sont excommuniés

Faisant écho aux propos du pape Jean Paul, le pape François, en visite pastorale en juin 2014 en Calabre, soulignait également avec fermeté que les mafieux n’étaient pas «en communion avec Dieu», et qu’ils étaient «excommuniés». «La N’drangheta, avait ainsi lancé le pape argentin, c’est l’adoration du mal». (cath.ch/imedia/ah/be)

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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