Mgr Gollnisch: Ne pas dissocier l'avenir des chrétiens d'Orient de celui de la Syrie et de l'Irak

«On ne peut pas dissocier l»«²avenir d»«²un pays de celui des chrétiens» qui y vivent, estime Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Å’uvre d’Orient. L’œuvre d’entraide française basée à Paris soutient les chrétiens du Proche et du Moyen-Orient depuis le XIXe siècle.

Un colloque sur la crise humanitaire en Irak et en Syrie était organisé par le Dicastère pour le service du développement humain intégral à l»«²Université pontificale urbanienne les 13 et 14 septembre 2018.

Dans une interview accordée à I.Media, Mgr Pascal Gollnisch a mis en garde contre la tentation de faire des chrétiens du Moyen-Orient une «5ème colonne de l’Occident».

Quel est l’intérêt pour le Vatican d’organiser un tel colloque ?

Le plus important, c’est que les officiels du Saint-Siège puissent rencontrer les organisations qui agissent sur le terrain. Il ne faut pas que l’Occident fasse des chrétiens en Orient la «5ème colonne de l’Occident» ou ses protégés. C’est ce que l’organisation Etat islamique (Daech, ndlr) soutient: ‘les chrétiens en Irak et Syrie sont complices de l’Occident qui est notre ennemi’.

Nous devons faire en sorte que l’intérêt des chrétiens d»«²Orient passe par leur pleine citoyenneté. Il faut se battre pour la pleine citoyenneté pour tous et non pour le simple respect des minorités. Dans les minorités, on pense aux minorités de nombre, mais le mot minorité laisse aussi entendre que leur cas n’est pas majeur.

Quelle est la position du Saint-Siège vis-à-vis de la crise humanitaire en Syrie et en Irak ?

Il faut comprendre que le Saint-Siège est divers. Il y a tout d»«²abord l»«²action diplomatique, avec l»«²action des nonces apostoliques, sa longue diplomatie connue pour sa discrétion. Ensuite, il y a l»«²action interreligieuse. L»«²Irak et la Syrie sont des pays à majorité musulmane et il y a un travail fait sur l’Å“cuménisme et le dialogue interreligieux. C»«²est une autre manière de fonctionner. Et enfin, l»«²action humanitaire.

On ne peut pas dissocier l»«²avenir d»«²un pays de celui des chrétiens dans ce pays. L»«²intérêt du maintien des chrétiens dans un pays lui permet aussi de se développer. La situation des chrétiens, affirmait Jean Paul II, est le révélateur de l»«²ensemble du pays. Tout cela est coordonné et le Souverain pontife peut donner un point de vue global. Mais dans le fonctionnement concret, chacun tient une posture complémentaire.

Comment le Vatican est-il au courant des réponses apportées sur le terrain à la crise humanitaire ?

Toute une enquête a été réalisée depuis plusieurs mois par le Dicastère pour le service du développement humain intégral. Elle permet de mieux connaître l»«²action de l»«²Eglise en Syrie et en Irak et de savoir ce que l’Eglise catholique apporte à ces pays.

Aucun de nous ne sait ce que donnent les autres, c»«²est pourquoi cette enquête est nécessaire. Même au sein des Caritas: le Secours catholique français peut apporter de l’aide mais ne sait pas ce que fait la branche australienne de la Caritas. Cette enquête est la plus exhaustive réalisée jusqu»«²ici.

Peut-on envisager une sortie du conflit syrien ?

Dans cette guerre civile atroce, même si une personnalité prophétique se lève pour dialoguer, dans son propre camp on lui dira: ‘comment, tu veux tout arrêter avant la victoire finale ? Alors tous nos frères, nos cousins sont morts pour rien ? Tu les trahis !’ C»«²est de l»«²irrationnel, il y a de l»«²affect. C»«²est pourquoi, les guerres civiles sont très difficiles à arrêter.

Deux pays étrangers qui se font la guerre, on peut faire en sorte que les gouvernements négocient ensemble. Mais quand il s»«²agit des mêmes familles, c»«²est très difficile.

Pas d’un côté les bons et de l’autre les méchants

Ce qu»«²il faut comprendre, c»«²est qu»«²il n»«²y a pas d»«²un côté les gentils et de l»«²autre les méchants. Je regrette que parfois, les diplomaties occidentales – promptes à accabler Damas de tous les reproches et de tous les maux – tiennent un discours dont elles n»«²ont pas les moyens: personne ne peut traîner aujourd»«²hui Bachar el Assad devant la Cour Pénale Internationale (CPI), par exemple.

On est devant une situation très complexe mais la réduire en un camp de gentils et un camp de méchants, c»«²est de l»«²infantilisme car la réalité est infiniment plus complexe et nous ne devons pas distribuer des bons points». (cath.ch/imedia/pad/be)

En 2017, l’Å’uvre d’Orient a versé près de 18 millions d’euros aux chrétiens d’Orient à travers 60 congrégations soutenues.

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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