Du côté des petits

Imaginons que l’Eglise catholique soit une société cotée en Bourse. Les vagues de révélations récentes sur les abus du clergé en Allemagne, aux Pays-Bas, aux Etats-Unis, au Chili feraient immédiatement plonger ses actions. Les investisseurs fuiraient, sans nul doute.

Comparaison n’est pas raison. L’Eglise n’est – heureusement – pas une société commerciale. N’empêche. Les sombres lueurs portées sur les agissements de certains clercs et le silence, voire la complicité de l’Eglise dans certains cas, ternissent son image. A la Bourse, la sanction serait immédiate. C’est la baisse des actions. En Eglise, les dégâts d’image se mesurent aux réactions du public. « Quel gâchis! » « Quel scandale! ». Et quel choc pour ceux qui ont mis leur confiance dans une institution faillible.

« La cure de désintoxication de l’Eglise lui sera profitable »

L’Eglise souffre. Elle qui connaissait, souvent, les méfaits de certains prêtres prédateurs les a déplacés. Elle a su, mais s’est tue. Soucieuse de préserver l’image de l’institution, elle a défendu l’institution à tout prix. Aujourd’hui quand remontent à la surface les affaires « oubliées », l’opinion ne comprend pas. Même ceux qui portent un regard bienveillant sur l’Eglise sont touchés. Car lorsque la loi du silence a été si prégnante, il est difficile de regagner la confiance du public.

Le pape François a exprimé sa honte dans sa lettre au peuple de Dieu du 20 août: « Nous ressentons de la honte lorsque nous constatons que notre style de vie a démenti et dément ce que notre voix proclame », écrit le pape. Dénonçant le cléricalisme et les « appétits de domination et de possession », il appelle à une transformation de notre culture interne.

L’Eglise revient de loin. La cure de désintoxication lui sera profitable, à n’en pas douter. Car Dieu est toujours du côté des petits. Ce n’est pas un langage boursier.

Bernard Litzler

21 septembre 2018

 

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