Italie: le «Décret Salvini» vivement dénoncé par les milieux chrétiens

A l’instar de dizaines d’ONG italiennes, la section italienne de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture Acat Italia a vivement dénoncé le 25 septembre 2018 le «Décret Salvini», un décret anti-migrants que le gouvernement italien a adopté le 24 septembre 2018. L’ACAT lance un appel au président Sergio Mattarella afin qu’il ne signe pas ce texte.

En cas d’approbation par le président italien, ce texte entrera en vigueur dans un délai de 60 jours. Il s’agit d’une série de mesures draconiennes voulues par l’extrême droite pour renforcer la sécurité et limiter l’immigration clandestine en Italie.

L’Eglise italienne a également pris ses distances

«Il me semble étrange que l’on parle d’immigrants dans un décret sur la sécurité.  Le mettre là, signifie déjà juger l’immigré en vertu de sa condition, pour le fait d’être un migrant, et non pour les comportements qu’il peut avoir», a déclaré Mgr Nunzio Galantino, secrétaire général de la Conférence épiscopale italienne (CEI) sur le blog «Stanze Vaticane». «Cela signifie que l’immigré est (…) déjà considéré comme un danger public», a-t-il déploré.

Selon ce décret du ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, membre de l’extrême droite, les permis de séjour humanitaires doivent devenir exceptionnels, réservés à quelques cas de victimes d’exploitation ou de calamité naturelle, de personnes ayant besoin de soins particuliers ou ayant accompli des actes héroïques.

«Un dangereux retour en arrière»

L’Acat Italia qualifie ce décret de «dangereux retour en arrière», appelant le président italien à ne pas signer «au nom des droits de l’homme». L’organisation chrétienne relève que bien que les chiffres et les statistiques «parlent d’eux-mêmes et montrent qu’il y a une baisse significative des arrivées sur le sol italien», le «décret de sécurité/immigration évoque le spectre d’une urgence qui n’existe pas et qui condamnera des hommes et des femmes innocents à se voir  privés de leurs droits fondamentaux».

Ces droits sont pourtant consacrés par la Constitution italienne et énumérés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui fête cette année son 70e anniversaire, relève l’Acat.

Appel au président Mattarella

L’organisation chrétienne réitère sa demande au président Mattarella d’agir comme garant de ces valeurs et principes «que certains voudraient mettre de côté aujourd’hui». Elle «lance un appel «à tous ceux qui se soucient de ces mêmes valeurs pour qu’ils ne restent pas silencieux face à ce qui se profile comme un abus, mais expriment leur désaccord de manière forte et claire au nom de la défense des principes démocratiques et chrétiens qui sont, nous en sommes convaincus, encore chers à beaucoup !»

Matteo Salvini a affirmé que les mesures avancées sont «un pas en avant pour rendre l’Italie plus sûre. Pour combattre avec plus de force les mafieux et les passeurs, pour réduire les coûts d’une immigration exagérée, pour expulser plus rapidement les délinquants et les faux demandeurs d’asile, pour révoquer la citoyenneté des terroristes, pour donner plus de pouvoirs aux forces de l’ordre».

«Une mesure qui va contre le bon sens»

«Retirer la possibilité de délivrer un permis humanitaire à un demandeur d’asile qui a suivi un parcours d’intégration, en trouvant du travail et en œuvrant au bien-être général, est une mesure qui va contre le bon sens», a pour sa part dénoncé Mario Morcone, ancien préfet chargé de l’immigration.

Présidant le Centre italien pour les réfugiés, il a souligné que dans les faits, les possibilités d’expulser les clandestins étaient «très limitées». (catjh.ch/acatitalia/com/be)

 

Présidence de la République italienne

Jacques Berset

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