Evangile de dimanche: élever le débat

On peut se poser la question: en quoi cette question des Pharisiens est-elle malveillante?

Frontale, elle demande une réponse en oui ou non. Non, Jésus ne connaîtrait pas parfaitement la Torah et ne serait donc pas légitime et oui, alors son Evangile de miséricorde est bon pour les orties.

Habilement, Jésus leur renvoie la question: «Que vous a prescrit Moïse?» En réalité, il n’y a pas de code du mariage dans l’ancien testament, mais c’est à un malheureux verset du Deutéronome auquel les Pharisiens font allusion, qui permet effectivement à l’homme de répudier sa femme, considérée dès lors comme sa propriété. Voilà pourquoi Jésus les rabroue pour la dureté de leur cœur et il va les emmener beaucoup plus loin: au commencement.

Or ce n’est aucunement d’un commencement chronologique qu’il s’agit, mais bien à la racine, de l’intention primordiale de Dieu, celle qui va commander tout ce qui suit. En Gn 1, 27 pas de prédominance de l’homme sur la femme: «Dieu les fit homme et femme». Il ne cite pas le verset dans sa totalité, mais tout le monde sait la suite: «à l’image de Dieu il les créa». Et cela change tout! La vraie destinée du couple, c’est d’être l’image de Dieu. Aussitôt, Jésus ajoute une référence au deuxième récit de la création: «L’homme quittera son père et sa mère». Ainsi l’homme, créé à l’image de Dieu est un homme libre, un homme qui a une ossature suffisamment solide pour lui permettre de quitter le nid familial afin d’en créer un autre.

«La vraie destinée du couple, c’est d’être l’image de Dieu.»

Jésus invite donc les pharisiens à renoncer à leur petite logique étroite pour les ouvrir au mystère de Dieu. C’est pour cela que le couple humain est indissoluble, car il est à l’image et à la ressemblance de Dieu, reflet de la circulation d’amour qui maintient la Trinité… rien que ça! Comme on est loin d’un raisonnement de propriétaire.

Pourtant la réalité de tous les jours nous montre hélas combien il est difficile de se hisser à la hauteur de ce modèle trinitaire. Soyons réalistes: c’est même tout bonnement impossible. Il n’y a que la grâce de Dieu qui peut nous permettre d’entrer dans le mystère de l’amour et de ses exigences.

Sœur Marie-Paule | Vendredi 5 octobre 2018


Mc 10, 2-16

En ce temps-là,
des pharisiens abordèrent Jésus
et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient :
« Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Jésus leur répondit :
« Que vous a prescrit Moïse ? »
Ils lui dirent :
« Moïse a permis de renvoyer sa femme
à condition d’établir un acte de répudiation. »
Jésus répliqua :
« C’est en raison de la dureté de vos cœurs
qu’il a formulé pour vous cette règle.
Mais, au commencement de la création,
Dieu les fit homme et femme.
À cause de cela,
l’homme quittera son père et sa mère,
il s’attachera à sa femme,
et tous deux deviendront une seule chair.
Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Donc, ce que Dieu a uni,
que l’homme ne le sépare pas ! »
De retour à la maison,
les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question.
Il leur déclara :
« Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre
devient adultère envers elle.
Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre,
elle devient adultère. »

Des gens présentaient à Jésus des enfants
pour qu’il pose la main sur eux ;
mais les disciples les écartèrent vivement.
Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit :
« Laissez les enfants venir à moi,
ne les empêchez pas,
car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
Amen, je vous le dis :
celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu
à la manière d’un enfant
n’y entrera pas. »
Il les embrassait
et les bénissait en leur imposant les mains.

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