Synode des jeunes: le cardinal da Rocha invite à «partir de la réalité»

Le synode sur les jeunes pourra offrir une «nouvelle compréhension» de la vocation à condition de partir de la «réalité», a insisté le cardinal Sérgio da Rocha, rapporteur général de l’assemblée, dans son discours pour l’ouverture du synode, le 3 octobre 2018.

Le cardinal da Rocha, archevêque de Brasilia, a mis en relief les motifs de la convocation de cette 15e assemblée ordinaire du Synode des évêques. Il a également détaillé le déroulement des trois semaines et demie de travail de l’assemblée. Le synode, a-t-il estimé, doit être vécu comme un exercice de discernement, c’est-à-dire selon la «dynamique spirituelle» par laquelle une personne peut «reconnaître et accueillir la volonté de Dieu».

Pas d’humanité sans vocation

Concernant les jeunes, a estimé le haut prélat brésilien, «la réalité est plus importante que l’idée». Les travaux du synode doivent donc se baser sur un réalisme contextuel et non sur des théories abstraites. Même s’il existe selon lui des «défis pérennes et constitutifs» de la jeunesse, les prélats doivent aider les autres à faire comprendre la condition des jeunes de leur pays. «La communion dans l’Eglise ne se fait pas par approbation, mais par le partage de nos différences», a-t-il insisté.

Ce synode, a-t-il relevé, veut se pencher sur le «discernement vocationnel» chez les jeunes. Dans un monde marqué par la culture du ‘self-made man’, a déploré le cardinal da Rocha, «il n’y a plus de place pour reconnaître la nature vocationnelle de l’existence humaine». Et pourtant, il n’y a pas de véritable humanité sans vocation, «parole de Dieu pour moi, unique, singulière, irremplaçable». «Une nouvelle compréhension vocationnelle du christianisme dans son ensemble est urgente», a lancé le cardinal.

«Fatigués et heureux»

Les 25 jours de travail, a-t-il expliqué, suivront les trois parties de L’Instrumentum laboris. Il s’agit tout d’abord de discerner et non de faire une «analyse sociologique» de la jeunesse. Il faut plutôt distinguer les réalités «avec le regard du disciple» et se «laisser interpeller» par les jeunes. En seconde partie, les prélats devront interpréter, c’est-à-dire donner une lecture qui peut illuminer grâce à la lumière de la foi, qui seule donne le «regard adéquat». Enfin, en troisième partie, il faudra choisir, autrement dit accomplir des «choix courageux de renouvellement».

L’Instrumentum laboris, a souligné le cardinal brésilien, est un outil utile pour ne pas se disperser dans les travaux synodaux. Il a été élaboré à partir de «milliers de pages», surtout à partir du document issu du pré-synode des jeunes de mars dernier. Un apport des jeunes qui se retrouvent aussi par la présence de 36 d’entre eux comme auditeurs. «Nous vous demandons de nous accompagner, de nous aider et de nous illuminer», les a-t-il interpellés. Une nécessité selon lui, car les jeunes sont «la première et plus importante ressource» pour renouveler la pastorale vocationnelle des jeunes.

L’Instrumentum doit donc accompagner les Pères synodaux dans ce temps de «travail ecclésial particulier». Celui-ci, a-t-il poursuivi, doit être mené avec une «saine inquiétude spirituelle» en donnant le meilleur de soi-même. Et au terme du synode, a-t-il espéré, les participants seront «fatigués et heureux».

Mgr Baldisseri appellent les évêques à bien conseiller le pape

Lors de l’inauguration de la première session du synode, le cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du Synode des évêques, a également demandé aux Pères synodaux de ne pas seulement écouter les jeunes mais de répondre à leurs «épreuves» en pasteurs. Les Pères synodaux doivent également donner au pape François de «bons conseils».

«Ce que nous sommes sur le point de vivre constitue l’aboutissement d’un long voyage», a déclaré le haut prélat. Ce cheminement final doit toutefois tenir compte du «précieux patrimoine» d’idées et de réflexions produit jusqu’à présent.

«Reconnaître, interpréter et choisir»

Il s’agit en premier lieu de s’appuyer sur l’Instrumentum laboris, préparé par le Secrétariat général avec la collaboration d’experts qualifiés sur le thème du synode. Ce texte, a-t-il affirmé, a été élaboré selon la «méthode de discernement», processus voulu par le pape François qui consiste à «reconnaître, interpréter et choisir».

Ce document recueille et synthétise tout le matériel produit tout au long de la préparation de l’événement, a rappelé le cardinal. Y figure la première écoute de la voix des jeunes par le biais d’une vaste consultation au moyen du questionnaire envoyé notamment aux conférences épiscopales. S’ajoute à cela les résultats du questionnaire en ligne, du séminaire international sur la condition de la jeunesse, et de la réunion pré-synodale avec la participation de jeunes du monde entier.

S’inspirer d’Amoris laetitia

Il est «évident», a par ailleurs déclaré le haut prélat, que les assemblées synodales du pontificat en cours sont toutes liées par un «fil conducteur «qui «est le renouveau de l’Eglise et de la société à partir de ses catégories les plus essentielles, à savoir la famille et les jeunes».

C’est pourquoi, il peut être utile de s’inspirer de l’exhortation Amoris laetitia (2016), a suggéré le cardinal Baldisseri, fruit des synodes sur la famille. En particulier du chapitre 7 dédié à l’éducation des enfants. Certaines idées «très intéressantes» peuvent éclairer diverses questions auxquelles cette XVe Assemblée générale ordinaire se prépare à faire face. (cath.ch/imedia/ah/rz)

Raphaël Zbinden

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