Les facultés de théologie se mobilisent pour la promotion de la femme

Deux exemples récents montrent l’engagement des facultés helvétiques pour la valorisation des femmes au sein de l’Église et de la société. En mars 2018, la campagne «Théologie au féminin» était lancée à la Faculté de théologie de Fribourg. En septembre 2018, une semaine interdisciplinaire d’études sur les femmes dans l’Église était organisée à la «Facoltà di Teologia» de Lugano.

La semaine d’études de la Faculté de théologie de Lugano intitulée «Les Femmes et l’Église: maternité, prophétie, théologie» a traité du rôle de la femme dans la Bible et au cours de l’histoire de l’Église. L’étude de la vie et des œuvres de quelques-unes des figures féminines majeures de l’Église, comme d’Hildegarde de Bingen, Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila ou encore Thérèse de Lisieux, a mis en évidence la contribution et l’influence de ces femmes jusqu’à nos jours.

Une intuition, dans le sillage de l’enseignement des papes

«Ça faisait plusieurs mois que l’idée de proposer une semaine dédiée à la figure de la femme dans la théologie et la vie d’Église animait les couloirs de notre faculté» affirme la docteure en théologie Myriam Di Marco, membre du comité d’organisation de la semaine thématique. «Notre intuition a été confirmée, en particulier, par l’insistance (dans le sens positif du terme) du pape François sur ce sujet».

Le pontife a souligné à plusieurs reprises l’importance de la femme dans les différents contextes de la société. En mars dernier il a écrit une très belle lettre de remerciement à l’écrivaine Maria Teresa Compte Grau, directrice du Master universitaire de Doctrine sociale de l’Église à l’Université pontificale de Salamanque (Espagne), pour la publication de son livre Diez cosas que el papa Francisco propone a las mujeres (« Dix choses que le pape François propose aux femmes »). Dans cette missive, le pape souligne que souvent, malheureusement, le ›service’ de la femme, de toute façon indispensable, se transforme en un apport subalterne.

L’Église a pourtant toujours affirmé le rôle fondamental de la femme. Il faut rappeler, entre autres, la lettre apostolique Mulieris Dignitatem du pape Jean Paul II. Nous nous sommes donc demandés pourquoi ne pas proposer une semaine d’étude, afin de approfondir cette thématique de façon plus concrète?

L’apport des grandes figures féminines pour la vie contemporaine

Myriam Di Marco est convaincue que les femmes contemporaines peuvent apprendre beaucoup des grandes figures féminines étudiées durant cette semaine. «En effet, il s’agit de femmes normales qui ont contribué à l’histoire de l’Église et de la théologie, en développant un genre littéraire propre. Ce sont des femmes sans lesquelles l’Église et la société d’aujourd’hui seraient plus pauvres et incomplètes; des femmes qui, grâce à leurs talents, ont changé le monde. En ce sens, les femmes qui de nos jours enseignent dans une faculté de théologie, par leurs études et leurs inspirations (toujours à l’intérieur de la tradition du Magistère), apportent une vision du monde différente».

Pas de revendication, mais un cheminement

«Ce n’est pas une revendication féministe», conclut Myriam Di Marco. Il s’agit plutôt d’un cheminement vers un traitement juste envers les femmes qui ne vise pas à ce que tout le monde ait droit à tout, mais à ce que chacun puisse voir ses droits propres réellement reconnus. Sans crainte de se comparer. Pour les étudiants de notre faculté mais aussi, de façon plus générale pour les générations futures, il est essentiel de se confronter à une telle réalité de justice.»

Éviter toute idéalisation de la femme et les stéréotypes

Au terme de la semaine d’études, Beatrice Brenni, membre de l’Union féminine catholique tessinoise, a souligné qu’à travers l’histoire de l’Église, «beaucoup de femmes se sont distinguées par leur autorité et leur ouverture à l’Esprit-Saint. Elle se sont opposées aux exigences de leur temps, en créant des nouveaux styles de vie, de nouvelles théologies. Durant ces journées d’études, les femmes présentes ont perçu la nouveauté d’être, pour la première fois, des protagonistes. La découverte d’un nouveau langage et une nouvelle perspective a suscité de la surprise, ainsi que le désir d’approfondir cette thématique».

Premiers pas d’un long parcours

«Le parcours vers une conscience renouvelée de la signification ›d’être femme’ dans l’Église est encore long», estime Beatrice Brenni. «Nous sommes des femmes en chemin. En tant que femmes au temps du pape François, nous espérons devenir bientôt des sujets inclusifs à la discussion, c’est-à-dire qu’on ne parle plus des femmes, mais qu’on parle avec les femmes». (cath.ch/catt/lq/dp/rz)

Davide Pesenti

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