Après Moscou, l'Eglise du Belarus rompt ses relations avec Constantinople

A la suite du Patriarcat de Moscou, l’Eglise orthodoxe du Belarus a rompu ses relations avec le Patriarcat œcuménique de Constantinople. Au cours de la séance du Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe russe, réuni le 15 octobre 2018, à Minsk, Moscou a décidé cette mesure drastique en réponse «aux empiétements du Patriarcat de Constantinople sur le territoire canonique de l’Eglise orthodoxe russe».

«Le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe russe reconnaît qu’il est impossible de demeurer plus longtemps en communion eucharistique avec le Patriarcat de Constantinople», peut-on lire sur le site du Patriarcat de Moscou.

Constantinople avait soutenu l’excommunication de Philarète

Il réagit ainsi à la volonté du patriarche Bartholomée d’accorder à l’Eglise orthodoxe autoproclamée du «Patriarcat de Kiev» l’autocéphalie, à savoir l’indépendance, ce qui signifie la rupture des liens avec le Patriarcat de Moscou.

Constantinople, comme toutes les autres Eglises orthodoxes, avait pleinement reconnu en 1992 la déposition de Philarète Denissenko, alors métropolite de Kiev et exarque de l’Eglise orthodoxe russe. Le Phanar, siège du Patriarcat œcuménique, avait confirmé sa position à plusieurs reprises ensuite.

Philarète réduit à l’état laïc

Le 26 août 1992, le patriarche Bartholomée, dans sa réponse à une lettre du patriarche Alexis II de Moscou, avait écrit que «notre sainte grande Eglise du Christ, reconnaissant la compétence pleine et exclusive de votre très sainte Eglise russe en la matière, accepte synodalement la décision ci-dessus».

Le métropolite Philarète Denissenko a été déposé et réduit à l’état laïc par une décision du Concile épiscopal de l’Eglise orthodoxe ukrainienne de Kharkov, le  27 mai 1992, «pour n’avoir pas tenu les serments jurés sur la croix et l’Evangile lors du précédent Concile épiscopal de l’Eglise orthodoxe russe».

Reniement «pour des raisons politiques»

Quand l’anathème a été lancé contre Philarète pour avoir continué ses «activités schismatiques» après sa déposition, le patriarche Bartholomée a écrit au patriarche Alexis II, le 7 avril 1997, qu’il en avait «informé la hiérarchie de notre Siège œcuménique et leur avons demandé de ne plus être en communion eucharistique avec ces personnes». Aujourd’hui, déplore l’Eglise orthodoxe russe, «après plus de deux décennies, le Patriarcat de Constantinople a changé de position pour des raisons politiques».

«Les décisions inconsidérées et politiquement intéressées [du Patriarcat de Constantinople] aggravent les souffrances de l’Eglise orthodoxe canonique d’Ukraine», écrit le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe russe.

L’Eglise dissidente du «Patriarcat de Kiev» est considérée comme schismatique par la plupart des Eglises orthodoxes au plan mondial et son chef, le métropolite Philarète, a été excommunié. Il a pourtant été réintégré dans l’Eglise orthodoxe par le Phanar, tout comme l’archevêque Macaire Maletych, chef de l’Eglise orthodoxe autocéphale d’Ukraine (EOAU), une autre Eglise non canonique et également déclarée schismatique.

Plus de concélébration

La Déclaration précise notamment que «l’accueil, dans la communion des Eglises orthodoxes, de schismatiques et d’une personne frappée d’anathème [Philarète Denisenko, ancien métropolite de Kiev, ndlr] par une autre Eglise locale avec tous les ‘évêques’ et les ‘clercs’ qu’elle a ordonnés, l’empiétement sur des territoires canoniques étrangers, la tentative de renier ses propres décisions historiques et ses obligations, tout cela place le Patriarcat de Constantinople en dehors des canons et, à notre grand regret, fait qu’il nous est impossible de poursuivre la communion eucharistique avec ses hiérarques, son clergé et ses laïcs».

«Désormais et jusqu’à ce que le Patriarcat de Constantinople désavoue ses décisions anti-canoniques, écrit le Patriarcat de Moscou, il est impossible à tous les ministres de l’Eglise orthodoxe russe de concélébrer avec les clercs de l’Eglise constantinopolitaine, et aux laïcs de participer aux sacrements célébrés dans leurs églises».

Décision valable pour tout le territoire canonique

L’Eglise orthodoxe biélorusse, en tant que partie de l’Eglise orthodoxe russe, se joint à la décision de mettre fin à la communion eucharistique avec Constantinople, a déclaré à Minsk le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou.

Toutes les dernières décisions du Saint-Synode «s’appliquent à l’ensemble du territoire canonique de l’Eglise orthodoxe russe, y compris la Biélorussie», a déclaré le métropolite Hilarion. (cath.ch/mospat/be)

 

Déclaration du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe à la suite des empiétements du Patriarcat de Constantinople sur le territoire canonique de l’Église russe

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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